Le 20 avril 2019
Un film choc, jalon dans la filmographie de Stanley Kubrick. Et une réflexion implacable sur les réponses apportées par nos sociétés au phénomène de la violence.
- Réalisateur : Stanley Kubrick
- Acteurs : Malcolm McDowell, Patrick Magee, Michael Bates , Adrienne Corri, Warren Clarke, Aubrey Morris, John Savident
- Genre : Drame, Science-fiction
- Nationalité : Britannique
- Distributeur : Warner Bros. France
- Editeur vidéo : Warner Home Video
- Durée : 2h16mn
- Date télé : 14 juillet 2024 23:50
- Chaîne : Arte
- Titre original : A Clockwork Orange
- Âge : Interdit aux moins de 16 ans
- Date de sortie : 15 mai 1972
Résumé : Au XXIe siècle, où règnent la violence et le sexe, Alex, jeune chef de bande, exerce avec sadisme une terreur aveugle. Après son emprisonnement, des psychanalystes l’emploient comme cobaye dans des expériences destinées à juguler la criminalité...
Critique : Adapté du célèbre roman d’Anthony Burgess, récit truffé de phrases argotiques et peut-être encore plus provocant que le long métrage de Kubrick, Orange mécanique a fait date dans ces terribles années 70, qui constituent, par définition, la décennie des films à scandale : Le dernier tango à Paris, La grande bouffe, Salò, pour ne citer qu’eux... et donc Orange mécanique, tournant dans la filmographie du cinéaste démiurge, après le lyrisme spatial de 2001. Retour sur terre, dans une société dystopique, où la violence d’Alex et de sa bande se déchaîne, sur fond de musiques classiques réorchestrées par un des pionniers de l’ère électronique, Walter Carlos. Bien sûr, le grand public a retenu quelques moments emblématiques, souvent choquants : le viol sur fond de mélodie sifflotée (Singing in the Rain, quintessence de la comédie musicale insouciante, ici associée à l’horreur absolue), le tabassage d’un clochard aviné sous un tunnel envahi de brume nocturne, le bar psychédélique où s’abreuvent les voyous aux costumes de marionnettes, l’agression à coups de phallus géant d’une dame atrabilaire...
Curieusement, les moments de la deuxième partie sont moins évoqués. Pourtant, la critique de Kubrick vise d’une manière tout aussi implacable la thérapie de choc imposée par le gouvernement à Alex, le but étant de le neutraliser en lui ôtant tout libre arbitre. La nausée que lui inspire le désir d’une femme -dans une exhibition obscène, orchestrée par l’univers carcéral- devient par capillarité, la nausée que suscitent les réponses d’une société si fière d’elle-même et de sa lutte contre ce qu’elle considère comme une voyoucratie, au nom d’un humanisme qu’elle prétend illustrer. En vérité, la violence répond à une autre violence. Dans une perspective finalement foucaldienne, Kubrick met en scène tous les systèmes de contrôles et de pouvoirs qui permettent à une communauté de juguler une haine qu’elle a elle-même engendrée (les protagonistes ont l’apparence d’automates, ce n’est pas un hasard). On ne s’étonne pas que, dans un tel contexte, les anciens amis du chef de meute, devenu artificiellement inoffensif, aient endossé l’uniforme pour être des policiers sans foi ni loi, comme si les groupes sociaux qui génèrent le pire étaient interchangeables. Certes, le psychédélisme de certains passages a considérablement vieilli. Pour autant, le message politique de cette œuvre radicale n’a rien perdu de son actualité.
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Sébastien Schreurs 21 avril 2011
Orange mécanique - Stanley Kubrick - critique
Mon premier choc cinématographique d’adolescent (découvert en "cachette" vidéo). Et surtout la révélation d’un cinéaste de génie... Que du bonheur !
criss 31 octobre 2022
Orange mécanique - Stanley Kubrick - critique
Oui c’est bien le mot....le choc !
quel bonheur quand je le revois *****