Le 23 août 2023
En ouverture de la section "Un Certain Regard", Onoda a de quoi séduire, avec une atmosphère joliment travaillée et un récit-fleuve envoûtant.
- Réalisateur : Arthur Harari
- Acteurs : Yūya Endō, Kanji Tsuda , Yuya Matsuura, Chiba Tetsuya
- Nationalité : Français, Japonais, Allemand, Italien, Cambodgien
- Distributeur : Le Pacte
- Durée : 2h47mn
- Date télé : 23 août 2023 20:55
- Chaîne : ARTE
- Date de sortie : 21 juillet 2021
- Festival : Festival de Cannes 2021
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Résumé : Fin 1944. Le Japon est en train de perdre la guerre. Sur ordre du mystérieux Major Taniguchi, le jeune Hiroo Onoda est envoyé sur une île des Philippines juste avant le débarquement américain. La poignée de soldats qu’il entraîne dans la jungle découvre bientôt la doctrine inconnue qui va les lier à cet homme : la Guerre Secrète. Pour l’Empire, la guerre est sur le point de finir. Pour Onoda, elle s’achèvera 10 000 nuits plus tard.
Critique : Film de guerre ? Film de survie ? Ni l’un ni l’autre, ou un peu des deux. Onoda est un long métrage singulier, qui correspond parfaitement à ce qu’est supposée promouvoir la section "Un Certain Regard" à Cannes, qui doit mettre en avant les œuvres originales dans leur propos et leur esthétique.
Qu’un auteur français réalise une fresque si exigeante et ambitieuse est une fierté. En effet, Arthur Harari se plonge et nous plonge au cœur d’une expérience assez dingue, sur une île des Philippines qui sert de décor exclusif à l’histoire et à notre protagoniste pendant près de trente ans. Cette jungle, Onoda finit par la connaître sur le bout des doigts, jusqu’à en renommer les moindres recoins comme on renommerait les pièces de sa maison. Il s’y perd, y perd ses amis, sa raison.
- © Bathysphere
Il y a quelque chose de tout à fait déchirant dans l’histoire de ce soldat sans guerre, qui refuse de croire qu’elle a pu s’arrêter. Que ferait-il, sinon se battre ? Où irait-il, sinon dans son repaire qui le cache des Philippins, ennemis qui ont la seule qualité de lui servir de prétexte pour poursuivre sa lutte ? Les années s’égrènent, les rides s’accumulent, la survie s’organise. Les amis disparaissent, jusqu’à le laisser seul, lui face à la nature, guerroyant sans discontinuer. Il n’arrêtera que sur ordre de son supérieur…
Il n’y a rien à redire sur la mise en scène d’Harari, qui laisse ce qu’il faut d’espace pour mesurer l’immensité du décor et filme son personnage dans son intimité, tout en gardant une forme de distance insondable avec lui. Son Onoda est mystérieux, indéchiffrable.
Cela résulte sans doute de la faculté du metteur en scène à filmer l’écoulement du temps, sa distorsion. A ce titre, le motif de la radio Sony est excellent et permet au spectateur de se rattacher à la réalité, tout en montrant que le protagoniste, lui, n’en a plus tout à fait conscience.
- © Bathysphere
Voilà un film qui se digère, se vit comme une forme d’épreuve qui se mesure après presque trois heures. Ce long métrage mérite une attention exigeante et saura satisfaire ceux qui la lui auront donnée.
Sous les accords minimalistes et envoûtants d’Olivier Marguerit, c’est finalement la quête de sens qui fait tout le sel de l’œuvre. Le sens de nos actions. Pourquoi continuer à se battre, pourquoi choisir de mourir pour un empire qui n’est jamais vraiment concret dans le film, ou bien choisir de s’enfuir ? Pourquoi, après dix mille nuits de solitude et d’abandon, tenir ainsi et continuer d’y croire ? Le personnage résiste-t-il simplement, car il a des ordres qui n’ont pas eu l’occasion d’être rompus ? Ou tout bonnement parce que c’est la seule manière pour lui de survivre, en trouvant un sens à sa présence sur cette île, et sur terre ?
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