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Le film : C’est une longue chaîne de solidarités qui, d’une mère enceinte à une avorteuse, en passant par une prostituée ou une adolescente, documente la situation des femmes dans l’Espagne franquiste, au début des années 1970. Mais le film excède cette époque par un propos qui s’en prend aux effets du patriarcat. Pourtant, le talent de Jaione Camborda, dont c’est le deuxième long-métrage, est de ne pas asséner ses intentions en recourant à des artifices diégétiques. La sobriété de la mise en scène tend même vers une certaine épure, privilégiant une saisie behavoriste des personnages que le jeu des actrices transcende avec une vraie économie de moyens.

Copyright Amador Lorenzo

Loin de se complaire dans une forme d’abstraction, O corno donne surtout chair à la souffrance des femmes par des scènes construites en miroir : on pense évidemment à l’accouchement qui constitue la première séquence et à celui qui clôture le film. Entre les deux, le récit s’attarde sur María, une faiseuse d’anges dévolue à sa tâche, contrainte de fuir après la mort d’une jeune fille avortée. S’il prend les atours d’un road movie dans sa seconde partie, O Corno en refuse pourtant les facilités pour se situer à l’intersection de plusieurs genres cinématographiques, entre le drame social, le documentaire et le conte.
La danseuse Janet Novás, interprète du rôle principal, est une véritable révélation. Elle a d’ailleurs remporté le Prix Goya de la révélation féminine pour son interprétation.

Le test DVD

© Epicentre Films

Les suppléments

– Entretien avec la réalisatrice : Jaione Camborda revient avec intelligence et précision sur son parcours de réalisatrice, évoque la longue gestation de ce deuxième long-métrage, en expliquant ses intentions de manière très claire : donner à son film une dimension actuelle dans son propos féministe, tout en s’interdisant d’être didactique pour laisser au public la liberté de son jugement. Loin d’être péremptoire, Camborda évoque également son expérience cinématographique comme le lieu d’une exploration. Les propos qui concernent le casting des actrices (professionnelles ou non professionnelles) et la polysémie du titre ("O’ Corno") s’avèrent tout aussi intéressants.

– Bio-filmographie de la réalisatrice

– Bande-annonce/Galerie photos

L’image

La très belle photographie du chef opérateur Rui Poças est bien restituée par la définition et les couleurs du DVD, bien que les scènes nocturnes pâtissent quelque peu du format 4:3.

Le son

En Dolby 5.1 ou en Dolby Stéréo, s’apprécient toutes les nuances des sensations sonores, notamment dans les scènes en pleine nature.