Le 26 mars 2024
Une élégante épopée féministe pour célébrer la liberté, la maternité et la sororité.
- Réalisateur : Jaione Camborda
- Acteurs : Diego Anido, Janet Novas, Siobhan Fernandes, Carla Rivas, Daniela Herman Marchan, Julia Gomez
- Genre : Drame, Drame social
- Nationalité : Espagnol, Belge, Portugais
- Distributeur : Épicentre Films
- Durée : 1h45mn
- Date de sortie : 27 mars 2024
- Festival : Festival Premiers Plans Angers 2024, Festival San Sebastian 2023
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Résumé : 1971, Espagne franquiste. Dans la campagne galicienne, María assiste les femmes qui accouchent et plus occasionnellement celles qui ne veulent pas avoir d’enfant. Après avoir tenté d’aider une jeune femme, elle est contrainte de fuir le pays en laissant tout derrière elle. Au cours de son périlleux voyage au Portugal, María rencontre la solidarité féminine et se rend compte qu’elle n’est pas seule et pourrait enfin retrouver sa liberté…
Critique : La réalisatrice Jaione Camborda plante le décor de son deuxième long-métrage dans une campagne de toute beauté où les couleurs chaudes compensent le sentiment d’oppression qui accompagne ces femmes qui, cadenassées dans une époque volontairement indéfinissable, entendent bien s’émanciper du joug patriarcal et des interdits religieux, dont María (Janet Novas dont c’est le premier rôle) se fait le porte-drapeau. Pêcheuse de coquillages dans un village de Galice, elle aide les femmes à accoucher mais aussi à avorter. Le film s’ouvre sur une émouvante scène d’accouchement qui révèle tout à la fois l’attention que María est capable d’accorder aux femmes dont elle s’occupe et l’importance du rapport au corps féminin, sujet central de cette chronique autour du droit des femmes à disposer de leur sexualité en particulier et de leur avenir en général.
- Copyright Amador Lorenzo
Déterminée, María est dotée d’une force de caractère peu commune à cette époque où les femmes ont l’habitude de courber le dos. Cet acharnement à lutter encore et toujours pour l’amélioration de la condition féminine la pousse à prendre des risques démesurés au point de bouleverser son quotidien et de la contraindre à la fuite. Entre Espagne et Portugal, au cœur d’une nature protégée et protectrice, se met en place un réseau d’entraide, de la voisine qui l’avertit du danger imminent à la prostituée (merveilleuse Siobhan Fernandes) qui la recueille. Ici, où l’autorité masculine n’est que suggérée : les hommes n’existent qu’en filigrane, des silhouettes juste esquissées pour laisser toute latitude au combat des femmes. Habilement, la réalisatrice se livre à un jeu de miroirs en superposant les personnages féminins les uns aux autres pour renforcer le sentiment d’empathie mutuelle, éliminer la distance entre les femmes et créer une authentique sororité.
- Copyright Amador Lorenzo
Si la première partie se nourrit d’une somme de détails filmés avec minutie et délicatesse le temps d’installer la force du propos, la deuxième nous entraîne dans un parcours plus vivifiant et chevaleresque, même si dans son ensemble O’Corno se distingue par son aspect plus contemplatif que démonstratif. Les dialogues s’effacent pour permettre l’épanouissement des espaces traversés et l’écho des battements de cœur de ceux qui les animent, mis en scène avec tant de bienveillance qu’ils parviennent, d’une seule expression, à transmettre toute l’émotion.
Un univers poétique propre à laisser au bord de la route quelques esprits cartésiens, mais doté d’une tendresse qui réchauffe le cœur, d’autant que l’interprétation de Janet Novas, danseuse de formation qui prête à son personnage toute sa puissance et son élégance corporelle, donne à cette combattante une vérité impressionnante.
À l’heure où le danger du retour de l’interdiction de l’avortement plane sur de nombreux pays, O Corno rappelle avec une grâce infinie l’importance des combats du passé et des liens de solidarité mis en place pour surmonter l’adversité ainsi que leur capacité à renaître si la situation l’exigeait.
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