Le 11 mai 2022


- Titre original : French Braid
- Date de sortie : 5 mai 2022
- Titre original : French Braid
- Plus d'informations : Le site de l’éditeur
Disponible sur
Anne Tyler écrit avec toujours autant de finesse et de perspicacité le destin d’une famille, passant d’un membre à l’autre pour mieux encapsuler leur amour et leurs tendres cruautés.
Résumé : Des années 1950 à la pandémie, l’écrivaine brosse un portrait doux-amer de l’Amérique, tissant sur trois générations les tendres cruautés d’une famille de Baltimore.
Critique : Après deux romans qui s’éloignent de son amour pour des familles imparfaites, Anne Tyler recrée une lignée, celle des Garrett. Les chapitres qui enclosent ce roman sont ancrés dans le présent ou dans un hier plus ou moins proche. S’ils permettent de donner un but au livre – expliquer ce qui a conduit au délitement inéluctable des liens qui unissent les membres de cette famille – leur légère superficialité confirme ainsi que l’autrice est davantage faite pour écrire le passé, pour raconter les destinées de pères et de mères qui le deviennent dans les années où elle-même était enfant, pendant la Seconde Guerre mondiale. D’ailleurs, entre ces deux appendices, le temps remonte et se dévide lentement la bobine d’une vie, par petits à-coups, des premières et dernières vacances de Robin et de Mercy avec leurs deux filles et leur fils jusqu’à l’adolescence de leur dernière petite-fille, en passant par des anniversaires et des repas, des petits chagrins et des rires timides.
Anne Tyler sait voir, sentir les liens invisibles qui unissent les membres d’une même famille, distiller les rancœurs, évoquer les remords et les tendres cruautés d’êtres égoïstes – humains, finalement. Elle aime à réunir ses héros dans la maison familiale, remontant aux origines des dissensions et des mésententes qui ne se disent pas. Les points de vue vacillent, inconstants, pour que la vision d’ensemble gagne en netteté, perde le flou artistique qu’affectionne pourtant Mercy, la matriarche aux pinceaux de peintre. Tyler donne ainsi davantage d’épaisseur à chacun, lui confère des aspirations et des lassitudes qui expliquent l’effilochage inexorable des fils unissant les Garrett – effilochage qui, là encore, tait son nom. Les femmes ne sont pas toutes faites pour être des ménagères, c’est ce qu’elle souligne une nouvelle fois avec finesse, Mercy rappelant la Abby d’Une bobine de fil bleu mais aussi Delia, l’Autre femme. Les hommes eux, n’ont pas tous des mains qui se prêtent à la plomberie, ni ne sont tous attirés par les jolies blondes. Les nuances sont donc de mises, ici comme dans ses titres précédents.
Les relations entre les deux sexes, les rapports fraternels et filiaux sont donc patiemment évoqués, de manière plus implicite qu’explicite – l’autrice rend tangibles ces liens, mettant en scène des saynètes où se dévoilent ce réconfort doux-amer et sans âge apporté par la famille.
Anne Tyler - Nos tendres cruautés
Phébus
20.5 x 14 cm
352 pages
21 euros