Le 25 juillet 2024
Comédie à la fois tendre et acide, le film d’Anne Giafferi a été un flop à sa sortie. Il mérite une réhabilitation.


- Réalisateur : Anne Giafferi
- Acteurs : Mathilde Seigner, Arié Elmaleh, Marie-Anne Chazel, Nicolas Briançon, François-Xavier Demaison, Vincent Regan
- Genre : Comédie
- Nationalité : Français
- Distributeur : Mars Distribution
- Date télé : 1er août 2024 22:55
- Chaîne : Chérie 25
- Date de sortie : 29 mai 2019

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Résumé : Suite à une opération de chirurgie esthétique ratée, une comédienne fait appel à un sosie pour la remplacer sur son prochain tournage... sans se douter qu’il s’agit de sa propre sœur jumelle dont elle ignorait l’existence.
Critique : Sorti en 2019, Ni une, ni deux a été l’un des gros échecs du box-office français, avec à peine plus de 78.000 entrées. Et c’est injuste, parce que sans être exceptionnelle, cette tendre comédie se détache du tout-venant des divertissements français qui, capitalisant sur un tel scénario, auraient multiplié les quiproquos les plus grotesques. Anne Giafferi essaie de ne pas céder à cette facilité, même si elle tire parti des difficultés de Laurette, qui remplace la star au pied levé, sur le tournage d’une comédie. La novice devrait enchaîner les bourdes. Or, c’est sous l’angle d’une naïveté finalement payante et d’une grande loyauté à son engagement que le personnage est envisagé, comme une réponse à ce qu’incarne Julie, comédienne méprisante autant que blasée, cantonnée au film d’auteur, tentant, via son agent, un dernier coup de poker commercial, en acceptant une pantalonnade dont elle méprise le contenu.
Certes, le scénario n’évite pas une forme de manichéisme qui s’inscrit dans des binômes attendus : la fausseté des urbains contre l’authenticité des ruraux, la célébrité distante contre l’anonymat chaleureux, l’intuition créative contre le professionnalisme médiocre. Mais cette jolie comédie distille aussi quelques messages sur une industrie cinématographique qui enjoint aux actrices de demeurer jeunes à tout prix, forçant Julie à passer sur le billard pour subir une opération des lèvres catastrophique. Toute ressemblance avec des artistes qu’on ne nommera pas ne serait nullement une coïncidence.
À travers le double rôle qu’elle endosse, Mathilde Seigner, qui s’est tant de fois égarée dans des divertissements indigents, trouve un long-métrage à sa juste mesure. Elle propose un jeu tout en nuances qui fait honneur à son talent. On est heureux que ces deux personnages lui aient été proposés. En même temps, on est triste que ce conte en demi-teinte n’ait pas trouvé son public.