Forever Young
Le 12 mars 2008
Un concert filmé avec une grande sobriété mais peu d’ambitions par le réalisateur du Silence des agneaux.
- Réalisateur : Jonathan Demme
- Acteur : Neil Young
- Genre : Musical
- Nationalité : Américain
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– Durée : 1h43mn
Un concert filmé avec une grande sobriété mais peu d’ambitions par le réalisateur du Silence des agneaux. Heureusement il ne s’agit pas de n’importe quel artiste mais du génial, et trop rare, Neil Young. L’occasion de se rappeler pourquoi nous l’aimons tant.
L’argument : Jonathan Demme trace un portrait intime du légendaire chanteur/auteur/compositeur Neil Young, filmé à l’occasion du premier concert mondial Prairie wind, au Ryman Auditorium de Nashville, le 19 août 2005. Entouré de certains de ses complices familiers, dont la star country Emmylou Harris, Pegi Young et le guitariste Ben Keith, Young interprète ici la totalité de l’album Prairie wind, ainsi qu’une sélection des albums Harvest et Harvest moon, qui forment avec celui-ci une manière de trilogie.
Notre avis : "Mieux vaut brûler vif, que mourir à petit feu." Cette sentence lapidaire et implacable conclut la lettre de suicide de Kurt Cobain. Avant de se faire sauter la cervelle, le leader de Nirvana s’est souvenu d’un des classiques de Neil Young, Hey hey my my, et a choisi cet extrait pour justifier son geste tragique. Cette anecdote avait à l’époque un peu plus alourdi le fardeau que traînait le chanteur canadien depuis les années 70, le rendant, selon lui, responsable du malheur des autres. Durant cette période, non seulement ses amis tombaient comme des mouches, emportés par la poussière d’ange, mais en plus Young engendra deux enfants attardés avec deux femmes différentes. Bref le sort n’a jamais été très clément avec l’ancien membre de Buffalo Springfield mais c’est ce qui a sans doute nourrit son génie. Pour preuve, après la mort de Cobain, le Loner se fend de deux albums magnifiques, tout d’abord le déchirant Sleeps with angels suivi du chef-d’œuvre absolu Mirrorball, enregistré avec Pearl Jam. Dans ce disque apocalyptique, Young enterrait le grunge une bonne fois pour toutes sous une boue radioactive consolidée par des cordes barbelées. La pierre tombale du mouvement de Seattle, comme l’était Impitoyable d’Eastwood pour le western.
A force de rester debout malgré tout et d’enterrer tout le monde, Neil Young fait maintenant figure de fossoyeur du rock, ce qui n’est pas pour nous déplaire. Pourtant, il y a deux ans, la mort avait bien failli l’emporter sur la rive qu’il n’avait fait qu’effleurer jusque-là. Heart of gold, c’est certain, mais cerveau en argile également. Une fois oubliée cette rupture d’anévrisme, il pouvait se relever à nouveau dignement et sortir le très beau Prairie wind, sorte de vrai-faux bilan de sa vie, dont la naïveté et la simplicité masquaient des aspérités pourtant séduisantes.
Le film de Jonathan Demme capte donc le premier concert de la tournée consécutive à ce disque. Le premier plaisir consiste tout simplement à voir Young sur scène, lui qui s’est toujours fait rare en bon adepte de la vie solitaire. Puis le charme des nouveaux morceaux opère petit à petit, grâce à cette voix toujours aussi magistrale, surtout dans ses approximations, associée au travail d’orfèvre des vieux complices, Ben Keith et Spooner Oldham en tête. Bien sûr on est un peu agacé par la naïveté du décor, ces grands panneaux coulissants représentant la campagne et l’éternel "coin du feu". Mais on se rappelle bien vite que c’est aussi pour cette raison que l’on a autant d’affection à l’égard de Neil Young, génie pétri de chaleur humaine à l’opposé de l’autre grand génie folk américain, Bob Dylan, doté d’un recul froid et cynique (tout aussi intéressant d’ailleurs).
Le film est à peine terminé que le vieux cow-boy solitaire s’engage déjà dans une nouvelle croisade anti-Bush électrique. Toujours insaisissable, jamais prévisible, Neil Young est dans un ailleurs perpétuel. Jusqu’au jour malheureux où lui aussi devra s’en aller, "dormir avec les anges".
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