Good trip
Le 30 janvier 2009
Un polar saisissant qui balaie sans complexes tous les codes du genre pour mieux les réinventer.


- Réalisateur : Joe Carnahan
- Acteurs : Ray Liotta, Jason Patric
- Genre : Policier / Polar / Film noir / Thriller / Film de gangsters
- Nationalité : Américain

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– Durée : 1h42mn
Un polar saisissant qui balaie sans complexes tous les codes du genre pour mieux les réinventer.
On connaît enfin le film-surprise de cet été 2003. Coincé entre deux blockbusters hollywoodiens, voici Narc, superbe polar de Joe Carnahan à la fois âpre, authentique et ultra-violent. Prix Spécial Police au vingtième festival de Cognac, Narc est une plongée tétanisante au cœur du milieu de la drogue dans la ville de Détroit. Un film moderne qui paradoxalement n’est pas sans rappeler ses illustres prédécesseurs comme The French Connection ou Serpico.
Nick Tellis est un flic infiltré bossant pour les stups. Côtoyer des dealers à longueur de journée l’a rendu accro aux drogues dures. Et une bavure a définitivement fini de l’écœurer de son métier. Dix-huit mois après sa démission, ses supérieurs lui proposent de réintégrer le service pour enquêter sur la mort d’un policier infiltré tué en service. Nick va devoir faire équipe avec le lieutenant Oak, ancien partenaire de la victime. Flic sans scrupules, Oak est prêt à tout pour retrouver les coupables, même à manipuler son nouveau coéquipier...
Cela faisait longtemps que l’on avait pas vu un polar de cette intensité. Joe Carnahan réussit en effet là où Antoine Fuqua avait failli avec son Training Day, de facture trop hollywoodienne. Dès les premières images (la bavure de Nick), le spectateur est pris à la gorge et ne pourra reprendre sa respiration qu’à l’issue du générique de fin. "Les polars des années 70, explique le réalisateur, avaient une intensité, des personnages forts, véritablement en rapport avec la réalité du monde policier. C’est vrai que j’ai voulu que Narc soit dans la lignée de ces films."
Non content de soigner l’aspect formel de son film, Carnahan privilégie également la dramaturgie de ses personnages. On est sidéré de voir avec quelle maestria ce jeune cinéaste parvient à doser le délicat équilibre entre la vie privée de ces hommes et la dureté de leur métier. Par ailleurs, Carnahan insuffle une énergie rare, notamment grâce à cette violence réaliste, à ce genre cinématographique hyper codifié. En outre, il offre en passant leurs meilleurs rôles à Jason Patrick et Ray Liotta. Dans deux registres différents - introspectif pour le premier, démonstratif pour le second -, ces deux acteurs trop méconnus rivalisent de justesse.
S’il ne devait y avoir qu’un seul film qui vaille le déplacement, ce serait sans conteste Narc. En espérant seulement qu’il ne souffre pas trop de cette programmation estivale, généralement plus encline à des productions légères.