Nannerl la soeur de Mozart - La critique

Cette évocation romanesque et féministe de la tournée française de la famille Mozart est d’une incontestable splendeur visuelle et dégage un charme véritable.

L’argument : Mozart avait une sœur aînée surnommée Nannerl. Enfant prodige, elle est
présentée avec son frère à toutes les cours européennes. À l’issue d’un voyage familial
de trois années, elle rencontre à Versailles le fils de Louis XV qui l’incite à écrire de la
musique. Mais Nannerl est une fille et une fille n’a pas le droit de composer.

Notre avis : Ce quinzième film de René Féret est un objet bien singulier qui risque de déconcerter. Il échafaude autour de Nannerl, la soeur aînée de Mozart, une trame romanesque hardie, lui inventant une liaison platonique mais passionnée avec le dauphin de France et une amitié indéfectible avec Louise, fille du roi recluse dans une abbaye.
Mais il fait aussi de Nannerl une compositrice au talent étouffé par son père au profit de celui de son frère Wolfgang et lui invente même une musique écrite expressément par Marie-Jeanne Séréro, remarquable pastiche de compositions du 18ème siècle.

C’est Marie Féret, 15 ans, propre fille du réalisateur, qui incarne Nannerl avec une belle présence. Louise de France est incarnée par la seconde fille de René Féret, Lisa. Cette entreprise est donc une véritable histoire de famille. Or c’est justement une famille qui est au centre du film, cette famille Mozart qui, telle une troupe de saltimbanques, parcourt l’Europe, de cour en cour, à la merci des intempéries et des essieux fendus.
Le portrait de cette famille intéresse visiblement le réalisateur et il parvient à créer au sein de ce quatuor, le père, la mère et les deux enfants prodiges, des relations complexes mais qui paraissent parfois un peu trop décalées par rapport à l’époque où se déroule l’action, impression accentuée par certains dialogues au naturel très 2010.

C’est d’autant plus surprenant que le film témoigne par ailleurs d’un remarquable travail de reconstitution à la Barry Lyndon : choix de décors authentiques, qui ont amené l’équipe à de nombreux déplacements et porté la durée du tournage à 51 jours, travail sur les costumes et les éclairages à la bougie. L’univers visuel du film est très abouti et la photo de Benjamin Echazarreta est un enchantement pour l’oeil.

C’est donc en dépit de certaines baisses d’intensité et de quelques répétitions un peu longuettes dans la dernière partie à une fort belle virée romanesque que nous convie Nannerl la soeur de Mozart. Le charme de ses interprètes et la conviction indéniable et communicative de René Féret en font le prix.