Mylène Farmer Timeless ? : le pire et le meilleur

Alors qu’elle investit Bercy pour sa nouvelle tournée sobrement intitulée Timeless, retour sur la carrière de la fermière la plus célèbre de France.

Le temps a ringardisé Mylène Farmer. C’est ce que l’on pourrait penser en découvrant le dernier album de la chanteuse. Monkey me, album et désormais nouveau single officiel, offre des sons issus du pire du répertoire des années 90, des sonorités empruntées à des synthétiseurs voués à l’eurodance un peu ringarde, qui évoquent aussi, les albums que lui a composés Boutonnat après l’empathique Innamoramento, notamment le soporifique Avant que l’ombre. Farmer a pourtant travaillé avec de grands artistes dans les années 2000, notamment Moby ou Archive, qui lui ont offert des titres d’une grande force émotionnelle sur l’album plus que correct Bleu noir, et qui rendait ainsi hommage au talent de mélodie de la rouquine coquine. On passera vite sur les collaborations pathétiques avec RedOne. Le producteur marocain estampillé machine à tubes pompiers, est un usurpateur qui fait de la peine aux oreilles !
Farmer, hors du monde, hors de la sphère médiatique qui agite le net dérange ou fascine. Assassinée d’un côté par les critiques et les non-fans fatigués de ses mystères, qui ont beau l’accabler ne parviennent pas à enrayer son succès, adulée, d’autre part tout aussi aveuglément par sa tribu vieillissante de fanatiques prêts à dormir devant Bercy pendant 5 jours pour découvrir les mêmes chorégraphies recyclées, Farmer est à l’image des automates sur la scène de Timeless, une femme forte qui se protège sous un vernis d’artifices qui ne révèlent rien sur la vraie Mylène Gautier.
Pourtant Farmer qui s’est voulu, un peu comme Kylie Minogue au début des années 90 ou Miley Cyrus et Britney Spears actuellement, dans la rupture de look, sex-symbol devant l’éternel, à partir de l’album Anamorphosée, n’est pas la tare artistique totalement ringarde que l’on pourrait imaginer. Les métamorphoses du visage, que certains regrettent, sont inhérentes au métier de show-girl, et certes, l’authenticité des mots n’arrive pas à ceux de Zazie, mais l’interprète de Désenchantée demeure l’un des moteurs d’une industrie musicale française, en imposant ses points de vue commerciaux, ses formules à elle qui s’éloignent du tout-venant de la musique hexagonale. Farmer peut paraître insupportable, mais peut aussi se targuer d’avoir les plus beaux clips jamais réalisés en France (l’époque 1984-1991), voire en Europe, faisant d’elle une référence historique dans ce mini genre filmique. A l’époque, ces clips vidéo étaient d’authentiques petites œuvres d’art qui se faisaient l’écho des grandes oeuvres cinématographiques de l’Est des années 60-70 (Wojcieh Has, Zulawski…), que Boutonnat adulait. Boutonnat, réalisateur frustré qui s’est fait l’acolyte visuel d’une artiste qu’il a façonnée à sa façon à elle, ne s’est jamais vraiment remis du flop immérité du film fleuve de 3 heures Giorgino. Ce bide aussi colossal que le projet réalisé, non exempt de défauts, mais artistiquement épatant, ne fait que donner plus de valeur à une carrière au final cohérente, dans son adulation de l’icône sexy-religieuse, avec pochettes élaborées et vidéo-clips souvent bien conçus.
Sur scène, si le public est en transe, on peut toutefois un peu bâiller. La show-girl recycle le modèle américain que l’on nommerait Madonna. Gaultier a d’ailleurs fait les costumes du Timeless tour. Les arrangements sont cloches et manque de la modernité qui aurait pu permettre à Farmer de sortir de cette étiquette franchement collante de chanteuse de variétoche.

Les meilleurs clips de Mylène Farmer
– The Farmer Project
– Que mon coeur lâche
– Libertine
– Sans contrefaçon
– Pourvu qu’elles soient douces
– Désanchantée

Les meilleurs albums :
– Ainsi soit-je
– Point de suture
– Anamorphosée
– Innamoramento