Sagesse élémentaire
Le 4 mai 2016
Des fleurs pour Sherlock Holmes, présenté pour la première fois sur grand écran âgé, malade et vulnérable.
- Réalisateur : Bill Condon
- Acteurs : Ian McKellen, Laura Linney, Hiroyuki Sanada, Roger Allam
- Genre : Drame, Policier / Polar / Film noir / Thriller / Film de gangsters
- Nationalité : Américain, Britannique
- Durée : 1h44mn
- Date de sortie : 4 mai 2016
- Festival : Festival du film Policier de Beaune, Festival de Deauville 2015
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Ian McKellen prête ses traits au plus célèbre des détectives, dans un film qui évoque la vieillesse du personnage, sa solitude et ses faiblesses. Un homme ordinaire qui ne profite plus de son intelligence extraordinaire.
L’argument : En 1947, Sherlock Holmes, depuis longtemps à la retraite, vit paisiblement dans le Sussex, avec sa gouvernante et son fils, un détective amateur. Mais la quiétude recherchée n’est que de façade... Une affaire vieille de 50 ans le hante encore et toujours. Malheureusement seuls quelques fragments sont encore vivaces : une altercation avec un époux en colère, un lien profond mais mystérieux avec son épouse fragile. Si son légendaire pouvoir de déduction n’est plus intact, et si Watson n’est plus là, Holmes va se lancer dans son ultime enquête, la plus compliquée de sa longue carrière...
Notre avis : C’est un trait commun à tous les héros populaires rentrés dans la culture de masse : sur eux, on a tout dit ou presque, déclinant leur histoire en livres, séries télé, films... Au point de faire oublier le personnage lui-même, l’homme vulnérable derrière le masque, meurtri par une image qui n’est pas la sienne. Aussi, loin de l’adolescent vu dans Le secret de la pyramide, du héros de la série Sherlock et encore plus loin du personnage musclé des films de Guy Ritchie, Ian McKellen incarne le célèbre détective dans le nouveau long-métrage de Bill Condon.
{{Alamode Film}}Mr. Holmes, l’homme derrière le mythe, s’attarde sur la dernière partie de l’existence du détective, qui vit désormais à la campagne, s’occupe de ses abeilles, tout en subissant d’importantes pertes de mémoire qui ne lui permettent pas de résoudre une enquête qui le taraude depuis 1919.
Le parallèle entre plusieurs époques et plusieurs lieux, dans l’Angleterre de l’entre-deux-guerres, le Japon de 1947 et la paisible campagne occupée par un Holmes âgé de 93 ans, permet au film de montrer les ravages de la guerre et représenter la mémoire dévastée du détective au cœur des paysages d’Hiroshima. Avec sensibilité et délicatesse, en s’attardant toujours sur l’humain, le film imagine l’avenir de Holmes alors qu’il est seul, affaibli et que ses facultés cérébrales, qui ont fait sa célébrité et constituaient son gagne-pain, lui font cruellement défaut.
{{Droits réservés}}Le long-métrage confronte Sherlock Holmes à sa propre mythologie, tout en offrant un contraste saisissant entre l’image fabriquée de ce héros et l’homme ordinaire. Alors que le début du film semble annoncer un drame simple, un long-métrage sans prétention qui présente le détective comme le public ne l’a jamais vu, une véritable réflexion est menée sur l’image que les spectateurs ont de leurs héros, mais aussi des acteurs.
Comme il semble difficile d’accepter de voir un héros populaire affaibli, et encore plus de constater que des membres du star-system, que l’on juge trop rapidement invulnérables, sont en réalité des êtres de chair et de sang qui vieillissent également. Critiquant ouvertement la consommation plus qu’excessive que la littérature, la télévision et le cinéma font d’un héros dès qu’il devient populaire, le long-métrage confronte Sherlock Holmes à ses différents interprètes, dans des adaptations très variées.
{{Alamode Film}}Grâce à un savant procédé de film dans le film, l’un des plus jeunes interprètes du personnage, Nicholas Rowe, qui a joué le détective adolescent en 1985 dans Le secret de la pyramide, de Barry Levinson, apparaît en caméo pour permettre à Ian McKellen de constater, avec humour mais consternation, les fausses idées que la culture véhicule sur Sherlock Holmes. Une critique non dissimulée et plutôt fine de ce que les médias publient sur les cinéastes et les personnalités publiques, entre mensonges et inventions, afin que le public conserve une certaine image et manifeste encore plus de difficultés à s’en défaire.
A l’instar du Sherlock Holmes âgé interprété avec brio par l’acteur britannique, le film permet de rappeler que, rapidement, la propre identité d’un héros célèbre est perdue au profit d’une certaine image de lui. Cette image que le détective de 93 ans a perdu, en même temps que sa mémoire et ses exceptionnelles capacités intellectuelles.
{{Alamode Film}}D’autres thèmes forts, comme la transmission, les regrets, la solitude sont développés, alors que le film rejoint les autres adaptations du héros de fiction crée par Sir Arthur Conan Doyle dans la perception de Sherlock Holmes, décrit comme un héros incompris dont l’intelligence est un atout dans son travail mais un véritable handicap à son bonheur. Si le trio Ian McKellen, Laura Linney et Milo Parker fonctionne parfaitement, il est l’objet aussi de trop grandes longueurs. Si le film est attachant, le héros diminué mais toujours piquant, il manque une pincée d’action pour faire de ce long-métrage un élément attractif dans l’imaginaire qui entoure Holmes. Reste que voir Ian McKellen sur grand écran est un vrai bonheur, dont il faut savoir profiter à juste titre. L’acteur, après tout, a déjà 76 ans...
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