Le 21 mars 2019
- Réalisateur : Marlen Khoutsiev
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Cinéaste majeur de la période post-Staline, Khoutsiev a influencé toute la nouvelle vague soviétique, à partir de la fin des années 50.
News : Le cinéaste russe s’est éteint à l’âge de 93 ans, le mardi 19 mars. Auteur de films réalistes sur l’URSS post-Staline, ses débuts coïncident avec la condamnation des crimes du dictateur par Nikita Khrouchtchev, en 1956. Son premier long-métrage sorti cette année-là, Le Printemps dans la rue Zaretchnaïa, raconte la vie d’une enseignante qui donne des cours du soir aux ouvriers, dans une petite commune de province. Le traitement à la fois mélodramatique et poétique de cette histoire, illustré par la chanson de Nikolaï Rybnikov, d’une poignante nostalgie, ouvrira les portes du succès au réalisateur. Mais celui-ci subira les foudres du pouvoir soviétique avec sa troisième mise en scène, J’ai vingt ans, dont le titre initial, La porte Illitch, fut changé sous la pression des autorités. Dans cette œuvre engagée, Khoutsiev s’en prenait au sacrifice de la jeunesse russe, lors de la Seconde Guerre mondiale. A travers le portrait de trois personnages désœuvrés, le cinéaste dressait un bilan sans concession du régime soviétique. Khrouchtchev en prit ombrage, qui déclara alors : "Non, la société ne peut pas s’appuyer sur de tels hommes, ce ne sont ni des combattants, ni des transformateurs du monde. Ce sont des hommes moralement infirmes, déjà vieillis dans leur jeunesse, à qui échappent les buts et les tâches élevés de la vie."
Contraint d’enlever certaines scènes, Khoutsiev sacrifia un extrait d’une puissance allégorique indéniable, où le fantôme du père défunt enjoignait son fils de vivre. Les passages censurés furent à nouveau visibles lorsque le cinéaste restaurera la version originale en 1988. Ses dernières œuvres avaient abandonné l’esprit des grandes fresques. Question d’époque. L’effondrement de l’URSS, la fin de l’idéologie communiste n’incitaient pas cet idéaliste à privilégier la narration épique, mais plutôt à se replier dans la sphère intime.
Constamment célébré dans son pays depuis une vingtaine d’années, Khoutsiev a signé son dernier film de fiction en 1992, Infinitas, présenté au quarante-deuxième festival de Berlin.
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