Le 19 janvier 2021
- Acteur : Jean-Pierre Bacri
A la fois dramaturge, acteur et scénariste, Jean-Pierre Bacri s’était notamment illustré à travers sa collaboration avec Agnès Jaoui. Le duo avait rencontré un important succès public et critique.
News : Depuis hier, le cliché du bougon, si conforme à la mythologie gauloise du râleur, s’est disséminé sur la Toile pour rendre hommage à l’acteur et scénariste Jean-Pierre Bacri, mort le 18 janvier, à l’âge de 69 ans. Au-delà d’une image publique et de quelques formules lâchées au cours d’interviews, Bacri fut un acteur et auteur prolixe, indissociable de son alter ego artistique et sentimental Agnès Jaoui, avec qui il entama, à partir de 1987, une fructueuse collaboration qui valut au duo le Molière du meilleur auteur en 1992 pour Cuisine et dépendances (un grand succès de théâtre à partir de 1989 et un film tout aussi populaire de Philippe Muyl, trois ans plus tard). Cette première création artistique en engendra bien d’autres : les "Jabac", comme les appelait affectueusement le réalisateur Alain Resnais, cosignèrent les scénarios et les dialogues du diptyque Smoking/No Smoking sorti en 1993, qui leur vaudra le César du meilleur scénario en 1994. Ils remporteront à nouveau le trophée en 1997 pour Un air de famille, le long métrage de Cédric Klapisch adapté de leur propre pièce. Cette fois, Jean-Pierre Bacri est devant la caméra et incarne un prototype de personnage bougon, atrabilaire, qu’il reconduira dans la majorité de ses films, avec des nuances très notables. Cette apparence se confondra avec son image publique.
Trois ans plus tard, Agnès Jaoui met en scène sa première réalisation, Le Goût des autres aux accents bourdieusiens : le binôme écrit à nouveau le synopsis et les dialogues. Le long métrage est un triomphe multirécompensé : il obtiendra notamment le César du meilleur film en 2001. Bacri y touche le public dans le rôle d’un entrepreneur tombé amoureux du théâtre et d’une actrice, qui se heurte au mépris du monde culturel à son égard. Le couple poursuivra sur sa lancée, avec Comme une image (2004), Parlez-moi de la pluie (2008), Au bout du conte (2013) et Place publique (2018), privilégiant l’observation sociologique, brocardant les habitus d’un milieu artistique qu’il connaît bien, suscitant aussi la réflexion sur l’image et ses apparences dont la célébrité n’est qu’une des déclinaisons.
Des années auparavant, le jeune Bacri s’était d’abord destiné à une carrière d’enseignant de français puis de publicitaire, mais avait finalement bifurqué pour suivre le cours Simon à Paris dans les années 70, avant d’écrire -déjà- ses premières pièces : Le Doux visage de l’amour obtiendra le prix de la Vocation en 1979, année qui marque les débuts du comédien devant la caméra, aux côtés d’Alain Delon dans Le Toubib. Pendant des années, l’acteur sera un second rôle très demandé, travaillant à la fois avec la jeune génération (Luc Besson pour Subway, en 1985), Jean-Charles Tacchella pour Escalier C, la même année, Gérard Krawczyk pour L’Été en pente douce) et des réalisateurs plus âgés comme Pierre Tchernia (Bonjour l’angoisse, en 1988) ou Jean-Pierre Mocky (Les Saisons du plaisir, également en 1988). Les premiers rôles mémorables n’arriveront qu’à partir du début des années 90. Dès lors, l’artiste sera très demandé, participant à de grands succès populaires : il s’illustre dans la comédie (on retient ses prestations mémorables, en 1997, dans le délirant Didier d’Alain Chabat et la comédie chorale On connaît la chanson d’Alain Resnais, sur un nouveau scénario des "Jabac"), il joue aussi dans des drames (Place Vendôme de Nicole Garcia, en 1998). Son dernier grand succès demeurera Le Sens de la fête d’Éric Toledano et Olivier Nakache, en 2017. Il y est un organisateur de mariage confronté à de multiples difficultés.
Jean-Pierre Bacri est mort le lundi 18 janvier 2021, à l’âge de 69 ans.
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