Le 12 mai 2019
- Réalisateur : Jean-Claude Brisseau
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Le grand cinéaste français était un homme controversé. Il est mort hier à l’âge de 74 ans.
News : Jean-Claude Brisseau n’était pas un pur produit du sérail, formé par une école de cinéma. D’abord enseignant, il apprend son métier en autodidacte, tourne son premier film en 1973, Des jeunes femmes disparaissent, après s’être acheté une caméra Super 8 sonore. Sa seconde réalisation, La Croisée des chemins, sortie en 1976, est remarquée par Eric Rohmer qui l’encourage et dont la société de production Les Films du Losange produira les trois premiers longs métrages de Brisseau : d’abord Un jeu brutal, où Bruno Crémer, qui deviendra l’un des acteurs fétiches du metteur en scène, incarne un célèbre biologiste qui assassine des fillettes ; ensuite, De Bruit et de fureur, poignante histoire d’un enfant confronté à la violence de sa banlieue ; enfin Noce blanche, son plus grand succès commercial, qui révéla Vanessa Paradis dans ce qui est sans doute, à ce jour, son meilleur rôle : l’histoire d’une adolescente perdue qui tombe amoureuse de son professeur de philosophie et l’entraîne dans un engrenage infernal. Brisseau n’a pas rentabilisé cette soudaine notoriété, assise sur plus d’un million huit cent mille entrées, en 1989. Il est resté en marge, pratiquant un cinéma radical, empreint de sexualité et de mysticisme, incarné par des personnages puissants et vénéneux, comme l’inquiétante Stéphanie Feuvrier dans L’Ange noir que joue, avec un grand talent, la chanteuse Sylvie Vartan. La carrière de Jean-Claude Brisseau a été assombrie par des faits de harcèlements et d’agressions sexuelles : le réalisateur a été condamné par le tribunal correctionnel de Paris le 15 décembre 2005, pour harcèlement sexuel sur deux actrices, au cours d’auditions propédeutiques au long métrage Choses secrètes. Un an plus tard, un jugement en appel le sanctionne pour une agression sexuelle sur une jeune actrice. L’Ange exterminateur, film âpre et claustrophobe, revient sur ces affaires à travers une sorte de double cinématographique François, et évoque, par le biais de la fiction, la relation qu’il entretient avec ses actrices. L’impact de ces condamnations et l’émergence du mouvement #MeToo avaient provoqué l’ajournement, puis l’annulation définitive d’une rétrospective Brisseau, à la Cinémathèque française, en 2017. Le dernier film du réalisateur, Que le diable nous emporte, date de 2018.
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