Le 11 décembre 2017


- Scénariste : Marjorie LIU >
- Dessinateur : Sana TAKEDA
- Collection : Contrebande
- Genre : Fantasy
- Editeur : Delcourt
- Famille : Comics
- Date de sortie : 18 octobre 2017
- Durée : T.2
La suite des aventures de Maika confirme la singularité d’un univers foisonnant.
Maïka continue sa quête qui doit lui apporter aussi bien des réponses sur son passé que des possibilités pour son avenir. Confrontée à un dieu maléfique et ancien qui vit en elle et subissant l’héritage d’une mère aventurière intrépide, elle est accompagnée de Kippa, petite arcanique renarde et de maître Ren, un Chat adepte de la lecture dans les os. Rien qu’à rappeler les qualités des trois personnages, il apparaît que Monstress possède une richesse scénaristique exceptionnelle. Ce monde qui mêle des hybrides et des animaux aux accents nippons, des monstres tirés des mythologies grecques, des démons qui ne sont pas sans rappeler ceux du comic américain Locke and Key, des cités et des armes qui fleurent bon le steampunk universel, est effectivement très fécond. Marjorie Liu montre tout son talent d’’imagination et de réappropriation, développant plusieurs temporalités pour son récit, avec une histoire millénaire en fond, un passé proche mais mystérieux, et un présent qui est déchiré par les prédictions et divinations. Les personnages sont nombreux, et aucun n’est inintéressant, bien au contraire. Chacun a subi des choses, a des ambitions, un style. Tous proposent des volontés et des destins hors du commun, sans que l’ensemble n’en soit affecté, puisque l’œuvre est terriblement épique, voire tragique. Les quelques accents comiques sont apportés par les deux compagnons mignons, à savoir Kippa et Ren, mais le ton sombre empêche de trop s’attacher à eux, de peur de les voir mal finir. Enfin, la touche féminine du duo Liu-Takeda est douce et bienvenue, tant la primauté des personnages féminins fait du bien dans un genre qui a tendance à favoriser les héros masculins. Cette société possède ainsi une originalité, comme un nouveau souffle sur le genre.
© Delcourt
Le dessin justement participe grandement à cette originalité. Le style manga est ici hybridisé, certains traits se rapprochant du comic, voire de certains auteurs franco-belges. Les décors et costumes, très art déco, jouent également de ce décalage, où des mutants à têtes d’animaux parlent et s’activent, certains inquiétants, d’autres intrigants. Sur une île maudite, où les squelettes, les goules et les sirènes défilent comme autant de dangers, le passeur entièrement fait d’os marque le lecteur, qui se dit que Sana Takeda a autant du puiser dans L’Enfer de Dante que dans le Silent Hill de Konami, sans oublier Lovecraft. Décors comme animaux sont soignés, pour ne pas dire léchés, et une ribambelle de détails, comme des arbres qui abritent des fantômes ou des serviteurs sans visages, achève de présenter un univers encore une fois foisonnant.
© Delcourt
Série à lire et à relire pour en comprendre les longues ramifications et en saisir les moindres détails, Monstress donne un tome 2 français (qui comprend plusieurs numéros de l’édition américaine) très complet, et une aventure de la quête dans son intégralité. De quoi patienter avant les prochains épisodes, qui s’annoncent exaltants.
162 pages - 16,50€