Shannon est mannequin. Enfin, Shannon était mannequin. Tout ça, c’était avant son accident. C’est-à-dire avant qu’elle rencontre Brandy Alexander. Mais c’est grâce à l’accident qu’elles se sont rencontrées. Enfin... Pas exactement... C’est un peu plus compliqué que ça. Bon... Pour simplifier, Shannon n’a plus qu’une moitié de visage. Mais la haine, elle la garde intacte. Elle n’a plus de petit ami, non plus. Enfin, il n’a pas vraiment disparu. Elle ne voit plus ses parents. A cause de l’accident. Pas le sien, non... Celui de son frère, qui a flanqué une bombe de laque dans l’incinérateur. Depuis, il est mort du sida. Quoique... Tout ça prend forme à grands coups de flash-back dans la voiture qui emmène Brandy la princesse et sa cour sur les routes des Etats-Unis, à la recherche de pharmacies à piller, ou peut-être de leur âme.

Chuck Palahniuk, c’est Fight Club. Où il était déjà question de ce qui est derrière les apparences. Le fight club, en détruisant physiquement, donnait un sens à la vie. Comme ces monstres, qui ne sont jamais ce qu’on croit, qui ne sont jamais ce qu’ils montrent, et qui cherchent, sans répit, à se modeler à l’image de l’autre, comme un geste d’amour ou de désespoir. Tribus de Pygmalions, standards de papier glacé... Les émotions se fabriquent pour l’objectif... "Fais-moi ça émerveillement, poupée. Eclair du flash." Le Chanel n° 5 est parfait pour attiser des incendies qui consumeront les apparences pour laisser, nus, les monstres face à leurs démons.