Le 1er mai 2022
Etre mal dans sa peau quand on est un adolescent ou un jeune adulte peut paraître particulièrement banal. Tout au long de ce roman, César décrit son mal-être et se cherche. Parviendra-t-il à se trouver ? Il est possible que l’écriture soit son refuge. Un livre plaisant.
- Auteur : César Morgiewicz
- Collection : Blanche
- Editeur : Gallimard
- Genre : Roman
- Nationalité : Française
- Date de sortie : 1er mars 2022
- Plus d'informations : Site de l’éditeur
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Résumé : César est un jeune parisien qui, comme de nombreux enfants de couples séparés, a vécu en alternance chez une mère bobo et chez un père bien plus âgé, maqué avec une avocate un peu rigide après quelques aventures amoureuses. Les années collège et lycée se ressemblent pour cet enfant. La solitude, la timidité et la sensation d’être toujours malade ne le quittent pas. Être en compagnie de sa grand-mère et de ses tantes est en quelque sorte une échappatoire, car il se sent à l’aise avec elles et probablement moins seul. Mais, jusqu’à quel âge peut-il vivre ainsi dans sa grotte ? Va-t-il enfin réussir à ouvrir les yeux ?
Critique Mon pauvre lapin - le surnom donné par une grand-mère à son petit-fils César qui a un rôle central dans ce livre - est un premier roman que l’on peut sans doute qualifier d’autobiographique et pas seulement parce que le personnage principal a le même prénom que l’auteur. En effet, ce jeune écrivain, de vingt-cinq ans à peine, parvient à nous emporter dans son univers et surtout dans un passé très douloureux. C’est avec un humour décapant et très réaliste qu’il brosse ses pénibles premières années de vie. La description très poussée de sa scolarité amène immédiatement le lecteur à compatir. On souffre en silence avec César, impuissant face cet enfant toujours seul, qui s’invente des amis et des mondes imaginaires, pour ne pas tomber dans la dépression. Il apprend par cœur les capitales du monde entier, et devient même incollable sur les trains… une certaine forme d’autisme.
Ses crises d’angoisse sont à répétition, son physique disgracieux le fait souffrir atrocement et le regard d’autrui lui est insupportable. Sa grand-mère finira par lui couper les cheveux pour qu’on arrête de le prendre pour une fille. Et à ce sujet, les choses ne sont pas simples. Une situation certainement due au fait que les femmes, qui le terrorisent, ne sont vraisemblablement pas sa tasse de thé…
Si toute cette douleur est racontée avec une ironie désopilante, le lecteur va progressivement finir par changer son regard sur toute cette histoire. L’auteur n’est-il pas encore trop inexpérimenté pour avoir le recul suffisant sur sa première et courte partie de vie ? Sans vouloir bien entendu nier la réelle souffrance de l’enfance, des années souvent cruciales dans le développement de la personnalité, l’œil tendre du lecteur laisse place inexorablement à d’autres sentiments : l’envie que ses parents le secouent pour qu’il prenne son existence en main et le sentiment qu’il y a des enfances malheureuses bien plus difficiles.
Car César a la chance de pouvoir prendre son temps. Pour se demander si sciences-po est vraiment fait pour lui, pour partir un an en Russie, aller en vacances chez sa grand-mère en Floride. Oui, César est né avec une petite cuillère en argent dans la bouche. Sa grand-mère est riche, très riche même. Elle possède beaucoup de biens, elle en achète et en distribue à toute la famille. César loge d’ailleurs dans l’un de ses studios situés au sein de l’immeuble où elle vit aussi. Il suffit de contempler la couverture du livre pour se faire une idée de son calvaire.
Certes, l’argent ne fait pas le bonheur. Heureusement que César Morgiewicz fait preuve de beaucoup d’humour et nous fait rire lorsqu’il dépeint sa famille. Personne n’y échappe, y compris lui-même. L’autodérision est bel et bien un pansement. Ce premier roman, écrit en pleine pandémie, est certainement le début de son histoire d’homme. Dévoiler ses secrets à travers la publication de son journal intime constitue assurément un acte courageux. L’écriture est souvent un bon remède, la lecture de ce livre est fluide et plaisante. On a maintenant hâte de découvrir le prochain.
240 pages
19€
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