Une phrase d’Eric Holder en épigraphe pour un premier roman [1], concentré de plaisir de lecture de même pas cent pages : bienvenue à Daniel Labedan dans la famille des poids plume. Mimizan-Plage tient en un mois d’août, parenthèse de soleil assombrie par un passé qui remonte par vagues. Ici a vécu le narrateur. Ici il a perdu ses parents, morts dans un accident de voiture l’année où il préparait son bac. Tranches d’hier et tranches d’aujourd’hui s’entrelacent, ramenant au jour un jeune homme fragilisé par le deuil. Mais le temps n’a rien effacé, tout juste les choses sont-elles devenues supportables. Culpabilité et chagrin rôdent en lisière des forêts de pins odorantes.

Le narrateur se raconte sans jamais s’appesantir sur son sort, prompt à s’émerveiller d’un cerf-volant ou d’une antique borne romaine découverte sous les fougères, à savourer le grondement de l’océan et la saveur salée de l’air, à poser un regard plein de tendresse sur sa compagne. Palette d’écriture goûteuse : avec Labedan, l’ivrogne "regarde ses pieds, sans doute pour ne pas les égarer à la première intersection" et les coloris des improbables maillots de bain d’une amie "effraient jusqu’aux méduses". Douce ironie en cache-misère, bonheurs éphémères attrapés au vol pour mettre à distance l’inquiétude viscérale, celle de perdre la femme aimée. Mimizan-Plage, variation attachante sur la peur de l’abandon, portrait délicat d’un homme lézardé qu’un souffle pourrait faire tomber en miettes.