Le 8 novembre 2021
- Scénariste : Li-Chin Lin>
- Dessinateur : Li-Chin Lin
- Genre : Autobiographie
- Editeur : Éditions çà et là
- Date de sortie : 17 septembre 2021
Partagée entre la France et Taïwan, son pays d’origine, Li-Chin Lin s’interroge sur son identité dans cette belle autobiographie.
Résumé : L’autrice taïwanaise Li-Chin Lin habite depuis plus de vingt ans en France qu’elle a rejoint pour ses études en 1999. Bien qu’elle se soit bien intégrée dans l’Hexagone, elle doit toujours faire face au racisme de certaines personnes qui se moquent de son accent ou pensent qu’elle mange du chien. Ces comportements remettent en question sa relation avec la France, qu’elle considère pourtant comme « chez elle » après avoir fait d’importants efforts pour apprendre la langue, se faire des amis et s’approprier les codes culturels de l’Hexagone. Li-Chin Lin entretient par ailleurs des relations complexes avec Taïwan, où elle retourne fréquemment pour voir sa famille. Les relations avec ses parents et ses frères et sœurs s’est cependant distendue avec le temps, au point qu’elle Lin passe pratiquement pour une étrangère aux yeux de sa famille. La déconstruction par l’autrice du système patriarcal en vigueur dans sa famille taïwanaise, où les femmes sont systématiquement rabaissées, voire violentées, renforce ce sentiment d’éloignement. Enfin, c’est dans son intimité même, Li-Chin Lin ne se sent pas en sécurité, la faute aux nuisances sonores provoquées par un bar bruyant situé juste en-dessous de son appartement à Valence. Face à l’inertie des forces de l’ordre, elle entame une longue procédure qui l’amène en justice…
Après Formose et Fudafudak, Li-Chin Lin poursuit dans ce troisième album la veine autobiographique pour (se) poser une question fondamentale « Où suis-je chez moi ? », « Goán tau » signifiant « chez moi » en taïwanais. En onze chapitres qui se déroulent dans ses deux pays et brassent vingt ans de sa vie, elle interroge tout ce qui construit son identité : sa famille à Taïwan, le regard de l’autre et le regard sur soi-même, l’intimité de son appartement.
Comme le figure avec justesse la couverture, la question de l’identité à cheval entre Taïwan et la France est au cœur de l’ouvrage. Bien qu’elle se sente chez elle en France, Li-Chin Lin est fréquemment ramenée à ses origines étrangères dans son rapport aux autres et aux autorités, ce qu’elle montre avec pertinence lorsqu’elle lance des démarches auprès du maire qui refuse de l’aider car, n’ayant pas la nationalité française, elle n’est pas une électrice. Elle met en scène ses difficultés pour assimiler la langue et les codes culturels français, avec des passages cocasses sur nos coutumes comme l’habitude de faire la bise pour se saluer, une pratique très éloignée de celles en vigueur à Taïwan.
- Lin-Chin Lin – Éditions çà et là
L’une des forces de Goán tau, chez moi est d’explorer sans fausse pudeur des sujets sensibles, comme la xénophobie et ses effets sur l’image de soi ou les violences intra-familiales. L’un des chapitres les plus marquants de l’ouvrage revient en effet sur les coups assénés à l’autrice par le frère de celle-ci (pour un motif pour le moins futile, mais là n’est pas la question) et la réaction – ou plutôt l’absence de réaction – de sa famille. Ce sujet délicat, comme les autres abordés dans ce bel album, est mis à distance par son dessin volontairement simplifié, qui ne tombe jamais dans l’apitoiement. Comme pour ses précédents ouvrages, Li-Chin Lin opte pour un dessin crayonné parfois minimaliste mais qui autorise une grande liberté dans la construction de la planche et de la figuration des personnages. La dessinatrice a volontiers recours à des métaphores graphiques, se représentant en oiseau ou avec un couteau dans le cœur. Cette expressivité dans le dessin constitue l’une de ses forces, formée à la production de livres d’animation et à l’illustration pour la jeunesse.
- Lin-Chin Lin – Éditions çà et là
Avec ce bel album introspectif, Li-Chin Lin confirme son statut de passeuse de culture entre la France et Taïwan. Goán tau, chez moi parlera en particulier à toutes les personnes qui se situent « entre » deux cultures. Pour les autres, son livre constitue un miroir de notre culture française vue par une femme qui l’aime et qui l’a assimilé.
- Lin-Chin Lin – Éditions çà et là
196 pages – 20 €
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