Mille millièmes, fantaisie immobilière

Cette année, les histoires de voisinage, d’immeuble et de vie en communauté font recette. Après Mes chers voisins d’Alex de la Iglesias, voici venir Mille millièmes, fantaisie immobilière de Rémi Waterhouse aux personnages moins sanguinaires mais tout aussi inquiétants. L’intrigue se déroule lors de l’assemblée annuelle des copropriétaires du 29, rue des Oursins. Tout ce petit monde est réuni dans un café sous la houlette d’un syndic roublard et dépressif. Se révèlent alors les mesquineries de chacun, les mini-drames de la vie d’un immeuble, les bons sentiments des uns face au cynisme des autres.

Le procédé narratif employé par le réalisateur évite l’ennui. Il alterne les scènes en huis-clos dans le café - lieu de la réunion - et les flash-back successifs. Manœuvres de Patrick (Jean-Pierre Darroussin), l’antipathique qui cherche à se rapprocher du groupe. Filouteries de Vincent (Gregori Dérangère), dragueur invétéré qui intrigue pour vendre son appartement. Grâce de Julie (Irène Jacob) sorte d’Amélie Poulain de la rue des Oursins. Malheurs de Gérard (Patrick Chesnais), homosexuel tardif, jaloux et malheureux.

On retrouve dans ce film l’ambiance d’Un air de famille de Cédric Klapisch. Darroussin et Yordanoff y contribuent beaucoup, ainsi que ce café, lieu de rencontre et de polémiques. Entre loquet branlant, sanitaires défectueux et mépris des sans-abris qui "polluent" la cour et font baisser le prix du mètre carré, les joyeux copropriétaires s’écharpent en souriant (jaune) à coup de votes "démocratiques", de bassesses et d’égoïsme.

On peut reprocher à Watherhouse - par ailleurs scénariste de Patrice Leconte pour Ridicule - qu’en dépit d’un scénario bien ficelé, il ait voulu en faire trop. Trop de personnages et d’acteurs de qualité (Suzanne Flon, Wladimir Yordanoff, Guillaume Canet, Luis Rego...) qui finissent par perdre de leur potentiel. Trop d’histoires dans les histoires. Trop de ressorts comiques. Son second long métrage - le premier, très remarqué, était Je règle mon pas sur le pas de mon père - fait ainsi sourire plus que rire. Et s’en dégage au final une peinture presque pessimiste de ce microcosme familier.

Dommage car même si l’on passe un bon moment en compagnie de ces voisins malgré eux, on risque d’oublier leurs problèmes de chasses d’eau sitôt la porte de la salle franchie...