Singulières inspirations pour cette jeune romancière japonaise qui écrit en français (elle a fait ses études à Paris). La cruauté est au centre de son univers. Dans son premier roman déjà déjanté, Nekotopia, celle d’une abominable petite fille... Dans Mikrokosmos, le second, celle du dernier descendant d’un illustre clan du Japon. Venez partager le quotidien du très irrévérencieux Hitoshi Soga, fils unique d’un héros de guerre, cerveau génial, patriote nationaliste et future victime d’Hiroshima. Un monstre.

Le ton est vif, l’ironie coupante, le roman en perpétuels allers-retours entre le Japon du VIIe siècle et celui du XXe où sévit Hitoshi Soga, professeur de logique à l’université impériale et membre des services secrets. Froid, méprisant, antipathique, il parvient pourtant à conquérir le lecteur. On s’attacherait presque à cet étrange génie bourré de fierté, d’ambition et de cynisme, tant il détonne au milieu du conformisme mollasson de ses congénères.

La partie "historique", quant à elle, mélange allègrement illustres figures et personnages de contes populaires pour livrer une version décalée et absurde du passé de l’archipel et de la dynastie impériale. On pourra cependant regretter que l’ironie mordante, principale caractéristique de l’écriture d’Asuka Fujimori, frôle parfois la caricature un peu grossière... Mais, dans l’ensemble, ce roman intelligemment sarcastique est proprement jubilatoire. Et les quatre cents pages de ce pavé surprenant et totalement incorrect se dévorent d’une traite, tant la vigueur du style est efficace.