Le roman d’un tricheur
Le 29 juin 2010
Malgré une mise en scène qui manque de conviction, l’interprétation subtile des acteurs fait de Mensch un film policier pertinent qui fait la part belle aux questionnements des personnages.
- Réalisateur : Steve Suissa
- Acteurs : Maurice Bénichou, Nicolas Cazalé, Sami Frey, Myriam Boyer , Sara Martins, Anthony Delon
- Genre : Policier / Polar / Film noir / Thriller / Film de gangsters
- Nationalité : Français
- Date de sortie : 9 décembre 2009
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– Durée : 1h27mn
Malgré une mise en scène qui manque de conviction, l’interprétation subtile des acteurs fait de Mensch un film policier pertinent qui fait la part belle aux questionnements des personnages.
L’argument : A 35 ans, Sam est un casseur de coffres hors pair. Entre la garde son petit garçon qu’il élève seul, son grand-père qui rêverait de le voir rejoindre l’entreprise familiale, sa petite amie qui se lasse de ses mensonges, il essaie désespérément de devenir un Mensch, un homme bien.
Notre avis : Le scénario de Mensch mettant en scène un petit malfrat engagé dans « le casse de trop » n’est en soit ni original, ni ambitieux. Mais le récit se distingue par le contexte social dans lequel il se situe : issu d’une famille aisée, le personnage principal est instruit et aurait la possibilité de travailler au sein de l’entreprise familiale et même de la diriger lorsque son père partira en retraite. Il n’est donc pas une victime, il a délibérément choisi de ne pas suivre cette voie et d’adopter le contre-pied des valeurs patriarcales.
- © ARP Sélection
La fratrie Hazak se retrouve tous les vendredis soirs autour du dîner de Shabbat. Ces rendez-vous soudent les membres de la famille, quelques soient les tensions ou les occupations de chacun. Dans le respect de la tradition juive, prières et partage sont les maitres-mot de ces moments que Steve Suissa a particulièrement bien filmés : la tablée est visible de près dans son ensemble, jamais de gros plans mais les émotions de chacun se ressentent par les mouvements circulaires de la caméra. La tradition tient donc une place centrale dans la vie du héros qui se doit d’être un homme. Il ne s’agit pas d’assumer une virilité superficielle, basée sur des conventions sociales et des modes éphémères mais d’être un individu digne, qui respecte son entourage : un « Mensch ». Dans cet esprit, l’homme est conditionné par un certain machisme et cela se ressent par le personnage de la mère s’occupant à temps plein du petit garçon de son fils qui ne songe jamais à la remercier. La nouvelle compagne du héros est, quant à elle, plus forte et affronte celui-ci, le mettant face à ses torts et ses contradictions. Mais cette jeune femme ne fait pas partie de la famille ; ne subissant pas l’emprise de celle-ci, elle peut plus facilement s’exprimer et surtout s’éloigner sans que personne ne puisse la retenir.
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On constate ainsi que les personnalités des personnages sont particulièrement développées, leurs caractères et leurs histoires personnelles étant largement dévoilés. Mensch tient par le tandem du père et du petit-fils : deux générations, deux oppositions. L’aîné est joué par Sami Frey, dont l’interprétation mêlant retenue et fierté fait de son personnage le plus intéressant et le plus troublant de tous : il incarne, il est pleinement un Mensch. Nicolas Cazalé interprètant son fils, tient une stature forte face à lui et crée un équilibre entre eux. Si le père et le fils sont convaincants, il ne s’agirait tout de même pas d’oublier la rencontre de deux « monstres » du cinéma français que sont toujours Sami Frey et Maurice Bénichou qui n’avaient encore jamais travaillés ensemble ! Leurs personnages sont des miroirs, les défauts de l’un se retrouvant exploités positivement chez l’autre et inversement. Il faut reconnaitre la pertinence des choix de casting de Steve Suissa qui a su créer une équipe d’acteurs dont les personnalités respectives s’imbriquent et retranscrivent la force fraternelle omniprésente dans ce long-métrage.
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Mensch est donc une oeuvre sur la famille et ses ressorts, l’homme et ses questionnements quotidiens et sur le destin, ou plutôt la prédétermination inconsciente propre à chaque individu. Steve Suissa a réalisé Mensch sans fioriture et n’a pas cherché à impressionner par une mise en scène trop appuyée afin que le spectateur puisse se concentrer sur les personnalités des personnages. Néanmoins, à force de neutralité, le film perd de son intérêt malgré des acteurs bien dans leurs rôles. Un petit goût d’inachevé.
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