Mayerling - Anatole Litvak - critique

Critique : Il s’agit de la première version de l’adaptation du roman éponyme de Claude Anet (1930) à qui l’on doit aussi Ariane, fille russe (1920) dont Billy Wilder tirera Ariane, en 1957, avec Gary Cooper et Audrey Hepburn.
Anatole Litvak, cinéaste cosmopolite d’origine russe, tourna plusieurs films en France dans les années 30, dont celui-ci, avant de partir pour les États-Unis. C’est là qu’il sera choisi pour une version télévisée en 1957, avec Audrey Hepburn et Mel Ferrer. La dernière version en date sortira en 1968. Due à Terence Young, cette coproduction franco-britannique réunit Omar Sharif et Catherine Deneuve.

Fortement romancé, le récit est fondé sur le double suicide de l’archiduc Rodolphe d’Autriche et sa maîtresse Marie Vetstera, en 1889, dans le pavillon de chasse de Mayerling. Le scénario, écrit par Irma von Cube, Marcel Achard et Joseph Kessel, rien de moins, développe l’histoire d’amour romantique dans un contexte historique néanmoins tout à fait cohérent : celui du long règne autoritaire de François-Joseph 1er. Celui-ci émit une fin de non-recevoir à la liaison de son fils avec cette très jeune fille.
On assiste à la rencontre presque improbable de cet héritier du trône désabusé, noceur, pétri d’idées libérales qu’il ne peut afficher, avec une toute jeune femme, timide et naïve qui, au début, ne connaît pas l’identité de ce bel officier. C’est lui qui œuvrera pour multiplier les rencontres, malgré les embûches. Il ira même jusqu’à écrire au pape.

La distribution dispose d’une belle brochette d’acteurs de seconds rôles de l’époque : Jean Debucourt, Gabrielle Dorziat ou encore Raymond Aimos, et la trop parisienne Suzy Prim, peu crédible en aristocrate allemande.
Charles Boyer, qui menait déjà une carrière des deux cotés de l’Atlantique, est de nouveau très juste dans ce difficile rôle historique. Danielle Darrieux, à seulement dix-neuf ans, avec déjà une belle carrière à son actif, incarne un personnage aussi touchant par sa candeur que sa détermination.