Amigo... ! Mon boomerang a deux mots à te dire
Le 3 février 2015
Véritable ovni cinématographique à mi-chemin entre El Topo et Tire encore si tu peux, Matalo ! reste une curiosité très ancrée dans la contre-culture du début des années 1970 qui surprend encore aujourd’hui.


- Réalisateur : Cesare Canevari
- Acteurs : Lou Castel, Antonio Salines, Luis Dávila, Corrado Pani, Claudia Gravy
- Genre : Western, Expérimental

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Véritable ovni cinématographique à mi-chemin entre El Topo et Tire encore si tu peux, Matalo ! reste une curiosité très ancrée dans la contre-culture du début des années 1970 qui surprend encore aujourd’hui.
L’argument : Dans le Colorado, Burt est un bandit sur le point de mourir par pendaison. Par chance, il est sauvé in extremis par des amis qu"il remercie plus tard en les tuant ! En effet, le malfrat de l’Ouest a pour projet de braquer une diligence et de garder pour lui seul les dollars qu’il s’apprête à amasser. Malheureusement pour lui, un mystérieux étranger fait surface et pourrait bien contrecarrer ses plans...
Le film : Réalisé par un inconnu du nom de Cesare Canevari qui a officié dans le film érotique et la nazisploitation, Matalo ! n’a rien d’un western spaghetti ordinaire. Dès les premières minutes, le ton est donné : plans flous, pris "à la volée", bruitages et musique expérimentale rock dans le style de Cream composée par un autre inconnu, Mario Migliardi, puis tout s’emballe avec le massacre des habitants d’un village par des bandits venus libérer leur compagnon de la potence. Les guitares saturées et la batterie montent en crescendo, le montage devient elliptique, des inserts subliminaux apparaissent, la caméra s’énerve... L’introduction de Matalo ! donne le ton du film, basé sur une histoire classique de chasse au trésor au milieu d’une ville fantôme, mais dont le traitement inhabituel lui confère une originalité indéniable par rapport aux autres représentants du genre. Assez proche des délires d’El Topo et du sadisme de Tire encore si tu peux, Matalo ! est porté par la prestation de Corado Pani, qu’on a pu voir dans des films de Visconti, Loy ou Zurlini, en bandit-hippie avide d’argent, qu’il joue avec conviction et charisme. On ne peut pas en dire autant de Lou Castel, qui est ici franchement mauvais, alors qu’il incarnait trois ans auparavant un tueur à gages américain crédible dans El Chuncho. Tout juste retiendra-t-on de son personnage son arme de prédilection : le boomerang, qui constitue une des nombreuses incongruités de ce film, qui met également en avant la psychologie des personnages qui motive leurs comportements, contrairement à la plupart des westerns spaghettis où les personnages sont caractérisés par leurs actions. Malheureusement plombé par certaines idées ridicules, comme cette fusillade finale autour d’un mulet, des coups de zoom disgracieux par-ci par-là (le zoom : un des plus grands fléaux de la production cinématographique des années 1970...), Matalo ! ne plaira pas à tout le monde, il s’agit plus d’une expérience cinématographique, un trip visuel et sonore porté par la superbe musique rock de Mario Migliardi, bourré de défauts, très marqué par son époque, mais que tout fan de western spaghetti ou de bizarreries se doit d’avoir vu au moins une fois.