Martin Scorsese en 10 scènes - la critique du livre

Notre avis : D’abord il y a l’objet : élégant, richement illustré de photos toujours bien choisies et, par moments, de croquis explicites. Puis on entre dans cet étrange pari : à partir de dix scènes marquantes, Tim Grierson découpe son analyse en cinq ou six chapitres, le premier étant invariablement « plan d’ensemble », à quoi s’ajoute une sorte de résumé (« la technique en bref », qui n’est exempt ni de raccourcis ni de platitudes, du type : « un projet gagne beaucoup à être organisé »...à propos de The last Waltz).
Il ne s’agit pas d’une analyse de séquence, mais d’une réflexion éclatée en motifs, souvent pertinents : que ce soit la technique (la Snorricam de Mean Streets ou la 3D de Hugo Cabret, la thématique (ainsi de la violence qui revient à plusieurs reprises, à juste titre), l’esthétique, le montage, etc. Toujours l’auteur s’appuie sur une connaissance visiblement intime des films, mais aussi sur un matériel important, des entretiens aux documents. Cela nous vaut des analyses intéressantes, parfois très fines : ainsi de l’ « énergie déstabilisante » des Infiltrés, ou de la référence autobiographique pour Le temps de l’innocence. Plus souvent, reconnaissons-le, le ton est informatif, ce qui évidemment n’est pas un reproche : les abondantes citations de Scorsese montrent qu’il est son meilleur exégète. On apprendra donc beaucoup à la lecture de ce livre, tant il regorge de précisions : les influences, notamment, ou le lien avec le matériau d’origine, seront pour nombre de lecteurs inappréciables.
Si l’on peut regretter que manque une vue d’ensemble (pas de conclusion, mais quelques rapprochements entre les films), ou parfois que l’auteur n’aille pas plus loin, Martin Scorsese en 10 scènes comblera ceux qui s’intéressent à ce cinéaste. D’autant qu’il est dépourvu de jargon et s’adresse à tous les amateurs, des plus éclairés aux débutants.