Marie Dubois : décès d’une actrice phare

Prix Suzanne Bianchetti en 1963, Marie Dubois, formée au Conservatoire, avait été remarquée par deux cinéastes emblématiques de la Nouvelle Vague. Son élégance et son jeu intelligent furent d’abord utilisés par François Truffaut. L’homme qui aimait les femmes ne s’y trompa pas et lui confia le rôle féminin principal de Tirez sur le pianiste (1960), auprès de Charles Aznavour, avant de lui offrir une apparition dans Jules et Jim (1962). Quant à Eric Rohmer, il lui donna un bref rôle dans Le signe du lion, sorti la même année. En dépit de sa chevelure blonde et de ses beaux yeux bleus, qui auraient pu la destiner à des personnages un peu lisses, Marie Dubois incarna souvent des femmes de caractère, dans des compositions nuancées et complexes. Ce fut le cas avec des œuvres aussi ambitieuses que La maison des Bories (J. Doniol-Valcroze, 1970) ou Les arpenteurs (M. Soutter, 1972). En même temps, elle a participé à de nombreux films populaires, donnant la réplique à Bourvil et Louis de Funès dans La grande vadrouille (G. Oury, 1966).
Tournant beaucoup pendant plus de deux décennies, Marie Dubois a notamment a son actif Vincent, François, Paul et les autres (C. Sautet, 1974), L’innocent (L. Visconti, 1976), ou Grand Guignol (J. Marbeuf (1987). Les cinéphiles se souviendront aussi de l’épouse de Gérard Depardieu dans Mon oncle d’Amérique (A. Resnais, 1980). La profession avait honorée Marie Dubois en lui décernant le César de la meilleure actrice dans un second rôle pour La menace (A. Corneau, 1977). Également comédienne de théâtre et de télévision, Marie Dubois avait interrompu sa carrière en raison de problèmes de santé. Elle avait reçu en 2013 les insignes de chevalier de la Légion d’Honneur des mains de la ministre de la Culture.