Second film de Pasolini qui réinventa, vingt ans après, le néoréalisme italien
Le 2 juillet 2022
Le parcours sans issue d’une mère dans le Rome des années 60. Un film magistral. Anna Magnani magnifiée.


- Réalisateur : Pier Paolo Pasolini
- Acteurs : Franco Citti, Anna Magnani, Ettore Garofalo, Silvia Corsini
- Genre : Drame, Noir et blanc
- Nationalité : Italien
- Distributeur : Carlotta Films
- Durée : 1h56mn
- Date télé : 8 avril 2024 23:50
- Chaîne : OCS Géants
- Reprise: 6 juillet 2022
- Titre original : Mamma Roma
- Date de sortie : 7 janvier 1976
- Festival : Festival de La Rochelle 2022

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– Année de production : 1962
Résumé : Un repas de mariage : une invitée exubérante, Mamma Roma (Anna Magnani), un peu saoule fait entrer des porcelets dans la salle en les comparant à certain invités. Morte de rire, elle est ensuite sollicitée pour pousser la chansonnette. On apprend que le jeune marié (Franco Citti) n’était autre que son souteneur. Libérée, elle décide de retrouver son fils Ettore (Ettore Garolfolo), âgé de 16 ans, qui a été élevé loin d’elle à la campagne. Elle est venue le chercher pour qu’il vienne vivre avec elle à Rome.
Critique : Second film de Pier Paolo Pasolini, ce long métrage, extrêmement maîtrisé, passe radicalement d’une scène à l’autre, laissant le spectateur remplir les blancs, ce qui ne pose aucun problème, étant donné la qualité du scénario.
L’histoire est terrible, presque désespérée, mais magnifiée par le point de vue du cinéaste : si le fils s’ennuyait à la campagne en traînant avec d’autres garçons, il va reproduire exactement le même désœuvrement en ville, mais dans des terrains vagues autour des immeubles, avec d’autres garçons, plus durs, plus violents. Sa mère, qui croyait le sortir d’une vie morne et sans issue pour une existence rangée et sérieuse entre mère et fils enfin réunis, va, par son comportement excessif et contre-productif, le précipiter dans la délinquance qu’elle voulait justement lui éviter.
Elle-même, qui se croyait sauvée de la prostitution, y sera ramenée inexorablement comme si son destin ne l’autorisait pas à vivre la vie ordinaire de vendeuse sur les marchés qu’elle souhaite pourtant plus que tout.
- © 1962 Arco Film S.r.L 2022 © Carlotta. Tous droits réservés.
Plusieurs références à la religion émaillent le film : la scène d’ouverture fait immédiatement penser à une représentation de la Cène, comme les peintres italiens l’ont décrite ; Mamma Roma, pour son salut, fréquente régulièrement l’église, mais avec des préoccupations quelque peu éloignées de la foi ; enfin, la scène finale nous renvoie clairement à la crucifixion.
Dans le rôle-titre, Anna Magnani est impériale. Elle irradie le film, passant de la gouaille assortie d’un rire explosif à des crises de désespoir extrême. A priori trop âgée pour le personnage, elle s’en empare avec une telle intensité que l’on imagine difficilement une autre actrice à sa place.
Mamma Roma est un film majeur, d’un auteur qui a profondément modifié le cinéma italien des années 60 par son regard aiguisé, intelligent, riche, et sans concession