Critique  : Le style est musical, fluide et recherché avec des mots choisis, aux consonances subtiles et élégantes. Aurelia Clément, qui a étudié le droit, a construit l’histoire avec rigueur. Elle a pu renouer avec ses émotions de petite fille, s’immerger dans l’enfance, les yeux écarquillés, pleins de curiosité et d’appétit. Questionner, percer un mystère et des non-dits, décrocher une vérité sur Mamie Loulou et sur elle-même...
Mais pourquoi donc cette grand-mère se comporte-t-elle ainsi, avare de mots, avide de livres ? Enfermée dans l’addiction aux histoires, en besoin permanent de doses d’évasion, à quoi ou à qui veut-elle échapper ? Tourner la page, les pages, de façon frénétique, pour s’extraire de chapitres de vie douloureuse, avaler des mots pour se libérer des maux. Illusoire comme un "empire de papier" ou la voie salutaire pour sublimer la vie ?
Aurélia Clément évite l’écueil d’un récit à tiroirs-souvenirs trop personnels, en cercle fermé. S’inscrivant dans une démarche de partage, elle ouvre chaleureusement des portes aux lecteurs pour qu’ils se sentent à l’aise et parfaitement accueillis dans une affaire de famille. L’histoire nous cueille et nous saisit. L’aura mystérieuse du personnage principal nous incite à plonger dans sa vie, année après année, chapitre après chapitre.
Un premier "roman" qui révèle une très belle plume, pleine de promesses et d’avenir !