Le 14 octobre 2016
Dopé à l’ambition, Netflix continue sur sa lancée super-héroïque avec Luke Cage, incursion ratée dans le New York d’aujourd’hui, côté Harlem. A l’aise ni dans l’esprit ghetto, ni dans le blockbuster télévisuel, le géant américain se tire une balle dans le pied, et celle-ci ne fait pas ricochet. L’overdose guette.
- Acteurs : Rosario Dawson, Mahershala Ali
- Genre : Fantastique, Action
- Nationalité : Américain
- Chaîne de TV : Netflix
- Date de sortie : 30 septembre 2016
Résumé : Transformé en colosse surpuissant à la peau impénétrable après avoir été le cobaye d’une expérience sabotée, Luke Cage s’enfuit et tente de recommencer à zéro dans le Harlem actuel, à New York. Bientôt tiré de l’ombre, il va devoir se battre pour le cœur de sa ville dans un combat qui l’oblige à affronter un passé qu’il espérait avoir enterré.
Notre avis : En un temps record (entre 5 et 10 minutes après le début du pilote), Luke Cage désespère déjà par son angle d’attaque. Comme si Hollywood tenait à attester de son progressisme (la bonne blague) après les nombreuses polémiques qui l’ont touché ces derniers temps, elle profite d’une série grand public centrée sur un quartier à dominance afro-américaine pour injecter une culture du ghetto complètement bidonnée. Une scène, la première, cristallise ce besoin d’insérer le plus de vannes et références "gangstas" pour surligner que, quand même, eux aussi ont la cool attitude. Bien évidemment, ce trop plein sonne faux aussi rapidement que le rêve américain pour une des minorités ethniques que comptent les USA (choisissez n’importe laquelle, ils ne font pas de distinction), et une volonté de fer est nécessaire pour continuer dans cet Hudson River de l’hypocrisie. Pièce centrale de Luke Cage, Harlem, dans la représentation qui y est faite, peine à captiver, alors que les scénaristes semblent connaître par cœur la page Wikipédia dédiée au célèbre quartier new yorkais. Par conséquent on assiste à un exposé factice, avec les multiples références qui y sont associées. Une BO jazz / funk / hip hop intéressante mais mal calée, un portrait de Notorious B.I.G. dans le bureau d’un gangster local, des "nigga" gratuit, un caméo de Method Man, une culture du basketball et autres pièces sans originalités constituent un puzzle de la façade d’Harlem vu du haut du 13ème étage d’un building de l’Upper East Side. Un cas d’école parmi tant d’autres : l’utilisation du classique Bring Da Ruckus du Wu Tang Clan lors d’une scène d’action plutôt réussie. L’idée est géniale, la version censurée du morceau, sans tous les "fuck" (et il y’en a beaucoup), l’est moins, pourtant c’est bien celle-ci qui illustre la séquence, contradiction totale alors que les "nigga" vont et viennent dans la bouche des personnages (les non-sens de la société américaine...). Beaucoup plus naturellement, Creed avait en début d’année bien mieux réussi à poser ses valises dans les quartiers pauvres de Philadelphie, simplement parce qu’il ne forçait pas le trait sur ses aspects et ne révélait pas d’incapacité à vêtir une âme ghetto.
- Copyright : Netflix
Le temps de 3-4 épisodes à subir la contrefaçon made in Hollywood d’Harlem, Luke Cage pose ses enjeux très (trop) tranquillement autour des magouilles d’un gangster surnommé Cottonmouth et sa cousine Mariah, conseillère municipale ambitieuse. Par la multitude de personnages et d’informations, la série se sépare de ses casseroles en se focalisant principalement sur son intrigue. Allégée d’un poids, la série, sûrement dans un besoin de compensation (elle deviendrait trop réussie sinon), s’entiche de personnages énervants et ridiculement clichés. Point fort de Daredevil et Jessica Jones, les méchants de Luke Cage souffrent d’une réalisation inapte à les développer de manière adéquate et à des incarnations cabotines. Les idées sont là, mais s’expriment maladroitement dans des séquences sur le papier tragiques, et grossières à l’écran. Trop lisse pour saisir à pleines mains la complexité et l’ambiguïté de ses antagonistes, la série décourage le spectateur de s’investir émotionnellement malgré des retournements de situations inattendus, notamment un en milieu de saison, relançant son intérêt par l’ajout d’un nouveau personnage étroitement lié à notre super-héros pare-balles. Une nouvelle fois, le potentiel est là, à la limite du palpable lors de certaines scènes (les flashbacks notamment), mais gâché par ce ton global à la frontière de la bouffonnerie. Étonnamment, Luke Cage (le personnage cette fois-ci) s’en sort mieux que tous les autres, alors que son introduction à l’univers dans Jessica Jones n’augurait pas grand chose de bon. Au milieu de toutes les caricatures s’agitant dans le Harlem de la série, il tire son épingle du jeu par son caractère plus renfrogné et massif, et surtout incarne le mieux le côté Blaxploitation tant recherché (et pas trouvé) par la série, avec son aspect bestial et sa force outrancière, cependant trop banalisée par la réalisation soporifique.
- Copyright : Netflix
Paradoxe d’une œuvre super-héroïque, les scènes d’actions de Luke Cage ennuient plus que celles de nature posées. Exception faite de la séquence « Bring Da Ruckus », la série ne parvient jamais à procurer du plaisir devant des « combats » à l’issue jouée d’avance, malgré l’apport de plusieurs dangers physiques pour notre protagoniste. Que ce soit les balles Judas (attention, la référence est subtile) ou une armure offensive et défensive ridicule, rien n’y fait, impossible de croire en une quelconque menace venant d’un Homme capable de tuer un ennemi avec son pouce le moins musclé. Les ennemis s’entassent, vident leur chargeur inutilement, et continuent de se faire broyer les os par un type aussi blasé par la bêtise de ses ennemis que le spectateur par le rythme d’une première saison terriblement molle et déprimante de banalité.
- Copyright : Netflix
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FruitMan 2 avril 2017
Luke Cage saison 1 – la critique (sans spoiler)
Loin derrière Daredevil et Jessica Jones. Luke Cage ne semble être la que pour atteindre le quotas d’Afro-américains chez Netflix. Une historie chiante et des personnages inintéressantes et cliché au possible.