Ludwig à la Philarmonie par l’Orchestre National d’Ile de France

Notre avis : Étrange sort que celui de Beethoven, compositeur de génie devenu progressivement sourd. En composant des œuvres probablement excessivement colorées, Ludwig montrait une intensité hors norme dans son combat pour ce qui lui était vital. Ainsi des œuvres jouées à la Philharmonie, qui donnent le sentiment d’exprimer la lutte et les abattements, dans les contre-points que jouent alternativement l’orchestre et le piano. Le chef d’orchestre Enrique Mazzola et Cédric Tiberghien, le pianiste, semblent s’être trouvés, par caractère ou mimétisme, autour de ces mouvements passionnément romantiques. Aux premières notes du concerto n°3 en ut mineur op 37, le grand et longiligne pianiste se transforme en un portrait torturé du peintre Egon Schiele, se courbant amplement au-dessus du clavier, tantôt comme électrocuté par la fougue mélodique, tantôt comme si il embrasse tendrement les touches et les notes qu’il babine en jouant. Le petit chef italien vibre dynamiquement à côté de lui. L’orchestre national d’île de France écoute attentivement les solos, répond, puis rejoint le piano à toute hâte dans l’exaltation.
Le concert se poursuit avec la célèbre 5ème, donnée sur un tempo rapide. On réentend avec joie cette œuvre classique de chez classique qui n’en finit pas d’influencer les compositeurs de cinéma, tant son rythme est adapté à illustrer l’action. Spéciale dédicace au timbalier, présent tout au long de l’œuvre. Toujours grandiose, cette marquante saccade : pom, pom, pom, pom. Quatre notes qui sont un gimmick indélébile pour l’esprit tant elles sont martelées dans toutes les sonorités et intensité. Elles résonnent dans la nuit et l’on sort ragaillardis de ce concert en marchant vers son avenir.
A voir, le jeu de ces magnifiques interprètes de l’ONDIF dans la très belle salle Pierre Boulez ! A lire les notes quand on a perdu l’audition comme Beethoven ! A aimer cet orchestre qui nous donne toujours de la musique classique, d’accessibles plaisirs sans qu’il soit nécessaire d’être mélomane-expert.