Lucky Day - la critique du film

Notre avis : Célèbre coscénariste de True Romance et Pulp Fiction et réalisateur de Killing Zoé et des Lois de l’attraction, scénariste et producteur de la série XIII, c’est avec les mêmes casquettes que le cinéaste canadien Roger Avary reprend la caméra, pour un nouveau long-métrage déjanté. Au menu : un casting international, un hommage revendiqué à Tony Scott, pour lequel le réalisateur éprouve une admiration sans borne, ainsi qu’une satire à l’humour grinçant. Sans jamais se prendre au sérieux, oscillant entre thriller et comédie, Lucky Day est le premier film réalisé par Roger Avary, depuis sa condamnation pour homicide involontaire en 2008, à la suite d’un accident de la route.
L’objectif du réalisateur avec ce film d’action ultra-violent est simple : ne pas cacher son passage par la case prison, bien au contraire. Ainsi, le scénario de Lucky Day suit Red, un jeune et sympathique braqueur de banque, en liberté conditionnelle après deux ans sous les verrous. Récit d’une première journée éprouvante, le film évoque la folie du monde, entre appât du gain, course après l’argent, violence et décadence, où l’individu lambda ne rechigne jamais à être le plus malhonnête possible et à profiter de sa position. Face à la perte progressive des valeurs les plus fondamentales, une amitié solide et surtout la famille semblent être les derniers refuges...

© Metropolitan FilmExport

A défaut d’originalité, le synopsis s’appuie sur deux éléments : son casting rafraîchissant et ses références perpétuelles à la France ; pays qui plaît décidément beaucoup à Roger Avary. En 1994 déjà, Killing Zoé se déroulait à Paris et plusieurs personnages (français) déambulaient autour de Zed, interprété par Eric Stoltz, un Américain spécialiste du perçage de coffres… Film francophile, Lucky Day oscille sans cesse entre plusieurs langues, le français remportant la mise, malheureusement dans des scènes trop longues et assez poussives. Le personnage incarné par Crispin Glover, notamment, aime tant se croire français qu’il traîne un accent à couper au couteau dans toutes ses scènes. Autodérision oblige, l’Hexagone ne pourra que rire de cette petite moquerie, infligée à un pays dont le niveau médiocre en langue étrangère n’est un secret pour personne... Mais loin de rendre le personnage drôle, le fameux accent casse un charisme sur lequel s’appuie complètement le réalisateur, qui a compris qu’un bon méchant pouvait sauver un film dénué de véritables propositions.

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Le principal défaut de Lucky Day repose finalement sur un deuil que son réalisateur ne parvient pas à faire. Ancien compère de Quentin Tarantino, Roger Avary ne semble pas digérer que son ami américain ait fini par s’imposer, au point de l’éclipser. Dans le bassin très étroit où il tente de nager, il n’y a plus de place pour lui. Revendiquant avec ce nouveau long métrage la paternité d’un style qualifié aujourd’hui de "tarantinesque", le réalisateur canadien n’a pas compris qu’il lui faut désormais une nouvelle identité, une nouvelle patte, sans quoi il se destine à être comparé, encore et toujours, au même cinéaste dont il espère se démarquer. Dans cette louable entreprise, on ne peut que lui souhaiter bonne chance !