Love on the beat
Le 7 septembre 2004
Un thriller bancal mais futé sur la frustration sexuelle, avec une conclusion audacieuse.
- Réalisateur : Robert Parigi
- Acteurs : Desmond Harrington, Melissa Sagemiller
- Genre : Fantastique
- Nationalité : Américain
- Editeur vidéo : BAC Vidéo
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– Durée : 1h24mn
Un thriller bancal mais futé sur la frustration sexuelle, avec une conclusion audacieuse.
L’argument : Kenneth, un employé de bureau très timide, se donne corps et âme à son travail. Sa petite vie demeure sans histoires jusqu’au jour où un ami lui fait découvrir un site internet où il peut commander la "femme idéale", une poupée gonflable adaptée à ses goûts. Épanoui grâce à cette nouvelle compagne surnommée Nikki, Kenneth attire le regard de Lisa, une jeune femme récemment engagée dans son entreprise. Tourmenté par tant d’attention soudaine, Kenneth va devoir choisir entre Lisa, faite de chair et de sang, et Nikkie à la plastique de silicone.
Notre avis : Accueilli timidement au dernier festival de Gérardmer, Love object mérite mieux que sa réputation de sous-May même si effectivement certains éléments font penser au formidable film de Lucky McKee. Tout d’abord, dans son sujet : personnage qui recherche secrètement l’amour, cristallisation de l’être idéal ; puis dans sa forme : on commence par une chronique sociale ancrée dans le réel puis on dévie progressivement vers l’horreur ; enfin, dans son interprétation : Desmond Harrington réussit le même tour de force qu’Angela Beatis en rendant palpable la vulnérabilité, la folie et la tristesse d’un personnage réduit à la solitude par son inaptitude à s’adapter à la société.
Pierre angulaire du récit, Kenneth est le stéréotype du mec frustré qui ne fait aucun effort pour entretenir un dialogue avec quiconque. Dans un univers confiné (un bureau encerclé) et une mégalopole étouffante (bretelles d’autoroutes, buildings envahissants, sorte de capharnaüm mental du personnage), sa vie se résume à son boulot. Point barre. Deux arrivées imprévues vont bouleverser son existence morne : celle de Lisa, une jeune assistante fraîchement débarquée ; et, celle de Nikkie, une poupée gonflable qui va devenir l’objet de désir idéal auquel Kenneth donne tout l’amour qu’il n’arrive pas à transmettre. C’est un premier pas qui va le pousser à démarcher auprès de Lisa. Cela se fait sans difficultés : si la demoiselle multiplie les regards allumeurs et les sourires qui en disent long, c’est pour mieux laisser transparaître un désir, une envie de baiser, une excitation, un besoin fou de trouver une épaule solide sur laquelle se reposer.
La première partie du film se consume au gré des valses hésitations sentimentales de Kenneth (Lisa, Nikkie, métaphysique, physique) au centre d’un vaudeville fantasmé et brûlant. La suite est peut-être plus inégale d’autant que le climax n’est pas spécialement brillant (mal amené à grand renfort de raccourcis psychologiques, mal bricolé faute d’être tendu et maîtrisé comme il faut), mais elle n’en demeure pas moins tout aussi étrange. Parmi des personnages secondaires futiles (collègues de bureau balourds accros aux blagues de cul, flic au ciboulot vide, patron atrabilaire adepte de la torture cérébrale), Udo Kier, formidable as usual, s’illustre dans un rôle de voisin énigmatique qui assiste, muet, derrière un mur, à la descente aux enfers de Kenneth sans avoir le courage nécessaire pour intervenir.
On pense souvent à I love you (Marco Ferreri, 1985) ou à une version trash de Monique (Valérie Guignabodet, 2001), son homologue hexagonal le plus direct. Mais cette fiction futée a le mérite d’être surprenante jusqu’à sa conclusion tout à la fois sanglante, misogyne, ambiguë et impertinente.
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