Le 4 mai 2019
En nous faisant partager la vie de tous ceux qui font vivre cette ville à la réputation kitsch, Thierry Demaizière et Alban Teurlai rendent attrayant ce lieu de processions, de messes et de maladies, mais aussi d’espoir et de fraternité. Un vrai miracle !
- Réalisateurs : Thierry Demaizière - Alban Teurlai
- Genre : Documentaire
- Nationalité : Français
- Distributeur : Mars Distribution
- Durée : 1h31mn
- Date de sortie : 8 mai 2019
- Festival : Festival 2 Valenciennes 2019
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Résumé : Le rocher de la grotte de Lourdes est caressé par des dizaines de millions de personnes qui y ont laissé l’empreinte de leurs rêves, leurs attentes, leurs espoirs et leurs peines. A Lourdes convergent toutes les fragilités, toutes les pauvretés. Le sanctuaire est un refuge pour les pèlerins qui se mettent à nu, au propre – dans les piscines où ils se plongent dévêtus – comme au figuré – dans ce rapport direct, presque charnel à la Vierge.
Notre avis : L’évocation de Lourdes, cette ancienne résidence des Ducs de Bigorre devenue un immense pôle d’attraction spirituel depuis 1858, date à laquelle Bernadette Soubirous assiste à plusieurs apparitions de la Vierge, suscite souvent quelques a priori que Thierry Demaizière et Alban Teurlai surpassent avec élégance.
- Copyright Mars Films
Si quelques fictions (on se souvient de Lourdes, le long métrage subtilement cruel de Jessica Hausner porté par une Sylvie Testud divine) et de nombreux reportages télévisés ont été consacrés aux sanctuaires ou à l’aspect marchand des rues, aucun documentaire ne s’est encore jamais intéressé aux pèlerins et à leurs accompagnateurs. Troublé par le témoignage d’une amie hospitalière, le journaliste Thierry Demaizière, qui s’est fait connaître grâce aux portraits qu’il a longtemps réalisés dans le cadre de l’émission de TF1 Sept sur sept, avant de s’associer avec Alban Teurlai pour tracer ceux de nombreux comédiens ou couturiers célèbres, pose un regard sensible sur ce creuset d’humanité qui, bien au-delà de la foi, nous interroge sur notre rapport à la souffrance et à la mort. Pourtant, aucune tristesse ne se dégage de l’énumération de ces parcours fracassés. Elle est, au contraire, avantageusement remplacée par une solidarité évidente, d’autant plus frappante qu’elle est ailleurs devenue si rare. Du départ en convoi, où tout est minutieusement organisé pour un confort maximum, à l’accueil fait par des bénévoles (souvent des jeunes qui sacrifient leur temps libre, non pas pour s’acheter une bonne conscience, mais pour recevoir autant qu’ils donnent), au dévouement sans faille, jusqu’à ces scènes merveilleusement filmées, au cours desquelles les pèlerins s’immergent dans les piscines, le respect et l’entraide dominent.
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Issus de tous les coins de France et de toutes les catégories sociales, les malades sont unis par le même besoin viscéral d’espérer. Cette détermination absolue touche droit au cœur. Du militaire en uniforme, vibrant d’une volonté inflexible à adoucir les derniers jours de son tout jeune fils, au chef d’entreprise atteint de la maladie de Charcot, doté d’une force de caractère si puissante, qu’il aborde sereinement l’idée de sa mort toute proche, en passant par le travesti qui n’aspire qu’à une fin de vie paisible ou par Jean-Louis qui, après une tentative de suicide, a perdu l’usage de la parole et de la mobilité, mais pas le sens de l’humour, les histoires s’enchaînent, tantôt drôles, parfois incongrues, toujours émouvantes.
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Une mise en scène délicate atténue la lourdeur des tragédies relatées et réussit même à occulter ces invalidités, dérangeantes pour nos yeux accoutumés à la dictature de l’apparence, et parvient à nous époustoufler, à partir d’une atmosphère qui suscite admiration et émotion. La caméra accorde la même attention aux intervenants et nous livre sans détour leurs réactions, leurs doutes et leurs craintes, leur maladresse, mais souligne aussi ce lien indéfectible d’amitié tissé entre malades et bénévoles, sans que jamais ne pointe la moindre once de pitié ou de servilité. Si Thierry Demaizières et Alban Teurlai font le choix de privilégier la condition humaine plutôt que la dimension spirituelle, la religion s’invite pourtant de manière décomplexée, par l’intermédiaire d’un jeune curé chaleureux et décontracté, dont le franc-parler savoureux fait allégrement voler en éclats les clichés d’une religion chrétienne compassée. On lui doit assurément les plus fervents instants de gaieté.
En accrochant tous ces morceaux de vie tragi-comiques les uns aux autres, Lourdes ne se contente pas de donner la parole à ceux que la société préfère habituellement cacher, mais en profite pour clamer haut et fort que face à l’adversité, l’union fait la force, et se transforme ainsi en un hymne au pouvoir de réconfort du vivre-ensemble.
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