La isla bonita
Le 26 mai 2010
Décevante pour les uns, époustouflante pour les autres, déroutante pour tous, la dernière saison de Lost a assuré le spectacle, sans dévoiler toutes ses clés cependant...
- Genre : Série télé
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Décevante pour les uns, époustouflante pour les autres, déroutante pour tous, la dernière saison de Lost a assuré le spectacle, sans dévoiler toutes ses clés cependant...
Ce qui suit peut dévoiler des éléments-clés de l’intrigue
La série culte produite par Damon Lindelof et Carlton Cuse a donc pris fin le 23 mai au soir, sonnant le glas de six années intenses passées en compagnie de Jack Shepard, Kate, Sawyer, John Locke et les autres, rescapés miraculeux d’un accident d’avion sur une île perdue. Brodant autour de ce point de départ convenu, les producteurs et scénaristes se sont échinés à multiplier les mystères et les évènements surnaturels, afin de tenir en haleine son spectateur persévérant : le crash de l’avion Oceanic 815 était-il le fruit du hasard ou du destin ? L’île a-t-elle des propriétés magiques ? À quoi renvoie la série de nombres 4.8.15.16.23.42 qui obsède tant Hurley ? etc. Juste mais cruel retour de manivelle, cette ultime session se devait de répondre à toutes ces interrogations, et ce en moins de vingt épisodes ; force est de constater que les fans les plus maniaques et les plus cartésiens resteront sur leur faim. La première moitié de la saison, molle du genou, tente de résoudre de nombreux problèmes restés en suspens, mais en tapant dans l’ésotérisme, le merveilleux, voire la parabole biblique (le temple, la phare aux miroirs fatals, la confrontation entre Jacob et son ennemi vêtu de noir, la source sacrée...) : autant dire des registres qui apparaissent essentiellement comme des roues de secours, et qui ne convainquent qu’à moitié.
Sans être déshonorante, la saison 6 ne restera sans doute pas dans les annales, surtout en comparaison des renversantes saisons 4 et 5. A la fin de cette dernière, Jack and co tentaient de modifier leur destinée en détruisant, à coup de bombes atomiques, la station d’expérimentation scientifique qui avait provoqué le crash de leur avion. Selon un principe coutumier de la série, l’intrigue se découpe selon deux lignes temporelles différentes : après les flash-back des premières saisons (vues sur la vie passée des passagers avant leur accident), les "flash-forward" de la saison 4 (projections dans le futur où l’on voyait la vie des héros après leur fuite de l’île), place aux "flash-sideways", qui nous montrent ce que serait la vie des passagers du vol 815 si leur vol s’était déroulé sans encombres, jusqu’à l’aéroport de Los Angeles. Les scénaristes font ainsi cohabiter deux dimensions possibles de la même histoire, et ainsi redistribuent les cartes du récit. Idée brillante, d’autant plus que ces "flash-sideways" séduisent et touchent en ce qu’ils nous montrent les héros "lostiens" sous un nouveau jour, êtres ordinaires dans un monde redevenu banal. En milieu de saison cependant, cette deuxième dimension prend une toute autre direction grâce à l’introduction du personnage de Desmond, fameux pour ces va-et-vient entre diverses temporalités ; une fois n’est pas coutume, Desmond va recréer un lien entre ces différentes existences déconnectées, dans un but obscur dont lui seul a le secret... et qui sera révélé dans les toutes dernières minutes de la série.
Si les huit premiers épisodes de la saison 6 ont le dynamisme d’un déambulateur, les scénaristes et metteurs en scène connaissent un sursaut salvateur à mi-saison, lequel permet de repartir sur des bases bien plus satisfaisantes. A mesure que la fin approche, l’intrigue gagne en densité et en tension dramatique, tant et si bien que la série offre quelques-uns de ses plus beaux morceaux de bravoure : on citera entre autres le fougueux épisode 9 centré sur le passé de Richard Alpert, plein d’un romanesque débridé (« Ab aeterno »), le passionnant épisode 11 centré sur Desmond (« Happily ever after ») et, pour finir, le formidable épisode 14 « The Candidate » se terminant sur un crescendo aussi nerveux que tragique (qui n’est pas sans rappeler un certain Titanic). Loin de résoudre définitivement tous les questions et les théories qu’il a suscités, le double-épisode final (intitulé, devinez quoi, « The end ») n’apporte pas de solution tranchée et ouvre plutôt de nouvelles perspectives. Sans trop en dévoiler pour ceux qui n’auraient pas encore profité de ce dénouement, on peut dire que la clé de la série se trouverait moins dans un ultime rebondissement éclairant, que dans une sorte de quête mystique un peu obscure, qui trouve son illustration dans les deux dimensions : apocalyptique et intense sur l’île, lacrymale et empreinte de religiosité (ourgl) dans les "flashs-sideways". Ce season finale à la fois époustouflant et agaçant, bourré d’allusions clins-d’oeil aux années précédentes, boucle la boucle en beauté et n’a pas fini de soulever les débats au sein des spectateurs... à l’image de la série, en somme.
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