Hollywood rouge
Le 30 avril 2009
Une reconstitution agréable de l’industrie du cinéma de l’âge d’or soviétique, à une époque où la censure morale et politique suscitait bien des pressions et compromissions.
- Réalisateur : Igor Minaiev
- Acteurs : Tatiana Samoilova, Sergueï Tsiss, Youlia Svejakova, Igor Dmitriev, Ivan Schebanov
- Genre : Drame, Historique, LGBTQIA+
- Nationalité : Russe
- Distributeur : Zelig Films Distribution
- Editeur vidéo : Optimale
- Durée : 2h10mn
- Titre original : Daleko ot Sanset Bulvara
- Date de sortie : 7 mai 2008
- Plus d'informations : Site officiel
L'a vu
Veut le voir
– Festival du Film russe de Honfleur : Grand Prix
– Année de production : 2006
L’argument : URSS, fin des années 80. Un couple de vieux artistes soviétiques est assiégé dans sa datcha par une meute de journalistes. Ils ne comprennent pas pourquoi. Il s’agit de Constantin Dalmatov, réalisateur de films à succès sous Staline, et de sa femme, Lidia Poliakova, qui était aussi l’actrice principale de ses œuvres. Pris de panique, croyant que l’on vient les arrêter, ils commencent alors à brûler les traces de leur passé glorieux...
Notre avis : Réalisateur d’origine russe, aujourd’hui Français, Igor Minaev est surtout connu pour deux précédents longs métrages, Mars froid et Rez-de-chaussée, qui eurent les honneurs de la Quinzaine des Réalisateurs. Loin de Sunset Boulevard est son projet le plus ambitieux et coûteux. Lauréat du Grand Prix et du Prix du scénario au Festival du cinéma russe de Honfleur et Médaille d’or au Film Music Festival de Park City (2006), il a les apparences de la production académique à grand spectacle prisée par les votants de l’Oscar du meilleur film en langue étrangère (qui ne le sélectionnèrent pourtant pas). Mais l’œuvre vaut mieux que cet étiquetage commode.
- © Zelig Films Distribution
Certes, le film ne satisfait pas pleinement : on ne reprochera pas au cinéaste d’enfoncer des portes ouvertes mais plutôt de se complaire dans une imagerie lisse et un montage hasardeux (le flash-back inabouti), là où le Fassbinder de Lili Marleen ou le Bertolucci de 1900 proposaient une peinture bien plus incisive du totalitarisme. Ici, Minaev n’échappe pas toujours à la reconstitution empesée, que même Marco Tullio Giordana dans Une histoire italienne (biographie de deux stars du fascisme), avait su contourner. Mais en évoquant les déboires d’un réalisateur contraint à collaborer avec le régime soviétique en raison de sa vie privée déviante, le cinéaste se montre habile à traiter sur le même front une histoire romanesque émouvante et une analyse du contexte politique de l’Union soviétique des années 30, quand les velléités artistiques étaient étouffées au nom du refus du formalisme et du respect des canons du réalisme socialiste. La meilleure séquence montre ainsi le scepticisme des directeurs de production après avoir visionné une comédie musicale loufoque, qui aura pourtant l’aval d’un Staline hilare.
- © Zelig Films Distribution
On appréciera également les scènes de tournage du « film dans le film », où l’auteur oscille entre un ton kitsch premier degré et une distance critique rétrospective. En fait, on saura gré à Minaev d’avoir traité frontalement son sujet historique, avec de belles échappées intimistes (la séquence de séduction entre Dalmatov et son amant magicien) laissant entrevoir quelle grande œuvre il aurait pu signer. Dans le rôle de Lidia, Youlia Svejakova témoigne d’un tempérament dramatique intense. Et l’on retrouvera avec émotion, incarnant l’actrice âgée, la lumineuse Tatiana Samoïlova, interprète du mythique Quand passent les cigognes.
– Extrait de Loin de Sunset Boulevard
- © Zelig Films Distribution
Galerie Photos
Votre avis
Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.
aVoir-aLire.com, dont le contenu est produit bénévolement par une association culturelle à but non lucratif, respecte les droits d’auteur et s’est toujours engagé à être rigoureux sur ce point, dans le respect du travail des artistes que nous cherchons à valoriser. Les photos sont utilisées à des fins illustratives et non dans un but d’exploitation commerciale. Après plusieurs décennies d’existence, des dizaines de milliers d’articles, et une évolution de notre équipe de rédacteurs, mais aussi des droits sur certains clichés repris sur notre plateforme, nous comptons sur la bienveillance et vigilance de chaque lecteur - anonyme, distributeur, attaché de presse, artiste, photographe. Ayez la gentillesse de contacter Frédéric Michel, rédacteur en chef, si certaines photographies ne sont pas ou ne sont plus utilisables, si les crédits doivent être modifiés ou ajoutés. Nous nous engageons à retirer toutes photos litigieuses. Merci pour votre compréhension.