Es-tu ma mère ?
Le 11 août 2012
Un étonnant mélange de film d’action en costume et de mélodrame qui révèle en Tai Katô un formaliste brillant et inspiré.
- Acteurs : Hiroki Matsukata, Michiyo Kogure, Sadako Sawamura, Shizue Natsukawa, Kinnosuke Nakamura, Hitomi Nakahara
- Genre : Action, Historique, De cape et d’épée, Mélodrame
- Nationalité : Japonais
- Durée : 1h23mn
- Titre original : mabuta no haha (Ma mère dans mes paupières)
L'a vu
Veut le voir
– Sortie au Japon : 14 janvier 1962
Un étonnant mélange de film d’action en costume et de mélodrame qui révèle en Tai Katô un formaliste brillant et inspiré.
L’argument : Un jeune yakuza sans feu ni lieu passe sa vie à rechercher sa mère qui l’a abandonné à sa naissance.
Notre avis : Excellente introduction au cinéma de Tai Katô (1916-1985), auquel la MCJP rend hommage dans le cadre d’une programmation consacrée aux Maîtres de l’Âge d’or du cinéma de genre japonais, ce remake d’un film de 1931, Mémoires d’une mère (Banba-no-Chutaro : Mabuta no haha)*, lui-même tiré d’une pièce de kabuki de Shin Hasegawa, apparaît comme un mélange détonant de reconstitution historique (la fin du 19ème siècle), de film de vagabonds (matatabi mono), préfiguration du film de yakusa, et de mélodrame larmoyant.
La reconstitution est haute en couleurs et s’appuie sur un superbe travail de décorateurs s’inspirant de la peinture d’estampe et jouant sur le contraste entre artifice apparent (ah cette neige de studio !) et réalisme du détail. L’utilisation souvent virtuose du cadre du cinémascope et de la profondeur de champ révèle en Katô un formaliste brillant qui s’amuse à jouer avec le spectateur : l’apparition, lors de la scène avec l’aveugle, du héros qu’on croit reconnaître parmi les badauds en arrière plan et dont au bout d’un moment on se dit que, s’il reste aussi longtemps à l’écart, c’est que ça ne doit pas être lui, avant de devoir se rendre à l’évidence : si, c’était bien lui !
Les scènes d’actions sont d’une efficacité redoutable (montage serré avec gros plans de visages ensanglantés et hébétés) mais l’engrenage implacable du mélo ne l’est pas moins et la scène des retrouvailles avec sa mère (superbe Michiyo Kogure à jamais mizoguchienne) est presque insoutenable de forcing sentimental. On est ici dans le registre de l’excès, le second degré assumé servant à renforcer encore la tension émotionnelle.
Aux côtés de Kinnosuke Nakamura, dont le visage poupin jure un peu avec l’aura romantique du rôle, de grandes dames du cinéma japonais incarnent les différents visages de cette mère si inlassablement cherchée et on retrouvera avec plaisir Shizue Natsukawa (Le pays natal) ou Sadako Sawamura.
L’humour omniprésent contribue à faire de la vision de Ma mère dans mes paupières un spectacle des plus divertissants. Du cinéma de genre, certes (ou plutôt de genres au pluriel, comme on l’a vu), mais de la meilleure eau.
* Réalisé par Hiroshi Inagaki et interprété par Chiezo Kataoka.
La version de 1938, signée Katsuhiko Kondo et interprétée par Kasuo Hasegawa, est également superbe et adopte elle aussi avec le plus grand bonheur un parti pris de stylisation et de mélange des registres.
Galerie Photos
Votre avis
Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.
aVoir-aLire.com, dont le contenu est produit bénévolement par une association culturelle à but non lucratif, respecte les droits d’auteur et s’est toujours engagé à être rigoureux sur ce point, dans le respect du travail des artistes que nous cherchons à valoriser. Les photos sont utilisées à des fins illustratives et non dans un but d’exploitation commerciale. Après plusieurs décennies d’existence, des dizaines de milliers d’articles, et une évolution de notre équipe de rédacteurs, mais aussi des droits sur certains clichés repris sur notre plateforme, nous comptons sur la bienveillance et vigilance de chaque lecteur - anonyme, distributeur, attaché de presse, artiste, photographe. Ayez la gentillesse de contacter Frédéric Michel, rédacteur en chef, si certaines photographies ne sont pas ou ne sont plus utilisables, si les crédits doivent être modifiés ou ajoutés. Nous nous engageons à retirer toutes photos litigieuses. Merci pour votre compréhension.