Le 11 février 2024


- Réalisateur : Jean Rollin
- Acteurs : Nathalie Perrey, Annie Belle, Béatrice Harnois, Sylvia Bourdon, Jean-Loup Philippe, Paul Bisciglia, Mireille Dargent, Willy Braque, Martine Grimaud, Claudine Beccarie, Catherine Castel, Marie-Pierre Castel
- Genre : Fantastique, Épouvante-horreur, Romance, Film de vampire
- Nationalité : Français
- Distributeur : Les Films de l’Obélisque
- Durée : 1h28mn
- Âge : Interdit aux moins de 16 ans
- Date de sortie : 18 mai 1975

L'a vu
Veut le voir
Résumé : Après avoir vu un château sur un poster, un jeune homme reste troublé. Il est persuadé d’avoir déjà vu ce château, et ce pendant son enfance. Il se lance donc à la recherche de l’énigmatique bâtisse, aidé dans sa recherche par une mystérieuse femme vêtue de blanc, et comprend qu’un grand secret familial sur l’existence du vampirisme pesait sur sa famille.
Critique : Du Viol du vampire (1968) au Masque de la méduse (2010), Jean Rollin est l’auteur d’une filmographie singulière. Longtemps classé avec les réalisateurs de séries Z, à l’instar d’un Ed Wood aux États-Unis, il s’est vu les honneurs d’analyses filmiques depuis une quinzaine d’années, certains l’ayant même qualifié de « poète maudit », y compris sur ce site, comme s’il avait été un Jean Vigo du cinéma français contemporain. Il ne mérite en fait ni cette indignité ni cet excès d’honneur, et l’on peut estimer que ses films se situent dans une ligne médiane : un cinéma insolite se ressourçant de l’univers du bis pour expérimenter quelques recherches visuelles et sonores. Coécrit avec Jean-Loup Philippe, qui tient également le rôle principal, Lèvres de sang joue sur les codes de la série B de vampires, tout en cherchant une tournure à la fois littéraire et théâtrale, le tout en s’inscrivant dans une imagerie érotique inhérente au milieu des années 1970, période d’évolution sensible des mœurs et de représentation non suggestive de la nudité, en particulier féminine. En fait, l’essentiel n’est pas dans le scénario (l’enquête menée par un fils de bonne famille pour explorer les zones d’ombre de son entourage, et le menant sur la piste de femmes vampires) mais dans une atmosphère gothique au sein de cimetières, tombeaux ou ruines médiévales. Certaines scènes s’avèrent être à la fois séduisantes et malaisantes, conventionnelles et décalées, réjouissantes et grotesques, à l’instar des apparitions des actrices Catherine et Marie-Pierre Castel en sœurs jumelles nées sous le signe de la morsure. Jean-Loup Philippe et Nathalie Perrey, à la diction bressonienne, sont entourés de rares acteurs chevronnés (Paul Bisciglia en psychiatre mal intentionné). Le film met surtout en avant Annie Belle : créditée ici sous son vrai nom (Brilland), elle fera un temps carrière en Italie, avant de devenir assistante sociale, et de mourir dans l’anonymat en 2024 ; elle est entourée d’une brochette de nymphettes issues du cinéma érotique voire X, dont Claudine Beccarie. D’ailleurs, Lèvres de sang, flop à sa sortie en salle, fut également distribué dans une version hard intitulée Suce-moi vampire, et qui connut une plus large audience. Par la suite, Lèvres de sang, comme d’autres productions Jean Rollin, fut l’objet d’un culte chez certains amateurs, et séduisit même, paraît-il, un public anglo-saxon.