Le 28 septembre 2019
Graal cinématographique de la galaxie nanar, Le Lac des morts-vivants se regarde avec une forme de plaisir, engourdi par le non-jeu des acteurs et la catastrophe quasi conceptuelle de la mise en scène.
- Réalisateur : Jean Rollin
- Acteurs : Howard Vernon, Antonio Mayans, Anouchka, Youri Radionow
- Genre : Épouvante-horreur, Nanar
- Nationalité : Espagnol, Français
- Durée : 1h30min
- Date de sortie : 13 mai 1981
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Résumé : Des jeunes femmes disparaissent dans de mystérieuses circonstances après s’être baignées dans un lac hanté par des soldats nazis, tués et jetés à l’eau durant la Seconde Guerre mondiale...
Notre avis : Le Lac des morts-vivants, c’est d’abord un tournage épique, produit par la célèbre compagnie Eurociné, véritable figure de proue du cinéma bis aujourd’hui disparu, qui connut son heure de gloire des années 60 aux années 80.
Entamée par Jesús Franco, la fabrication de ce splendide nanar s’interrompt, suite à une brouille du réalisateur avec le producteur-scénariste Marius Lesœur, que les réécritures successives du script, pour alléger le budget, agacent passablement. Du coup, c’est un autre mythe de la série Z, Jean Rollin, qui reprend les affaires, sans trop savoir ce qu’il tourne, avec une caméra défectueuse et un acteur fétiche de Franco, Howard Vernon, lequel semble faire la gueule à chaque plan. La catastrophe industrielle est en marche, largement aidée par une histoire dont la débilité justifie à elle seule le résumé : des soldats allemands de la Seconde guerre mondiale, tués par des résistants et jetés dans un lac, reviennent se venger et affrontent les habitants d’un village, tels qu’on n’oserait jamais les peindre, et qui récitent un texte d’une effarante médiocrité. Tout le monde semble shooté au Prozac, y compris les zombies aux maquillages verts, absolument pas waterproof, ce qui suscite des contrastes comiques entre les scènes. Ne parlons pas des séquences aquatiques, tournées dans une piscine dont on voit les bords, tandis que la nageuse de la scène d’ouverture se fait agresser par les créatures improbables.
Conscient de ses propres limites, le scénario tente de nous attendrir en imaginant une romance entre un ancien soldat et une villageoise, leur relation engendrant un enfant (interprété par Anouchka Lesœur, la petite-fille du producteur), avant que la mère ne meure, peu de temps après avoir accouché. Les retrouvailles entre la gamine et son père, devenu une sorte d’avatar du Géant Vert, se déroulent aussi normalement que possible. Bénéficiant de la protection familiale, l’enfant sera épargnée par les autres zombies. Entre-temps, deux inspecteurs dépêchés pour enquêter sur place, sont à leur tour victimes des nazis vindicatifs. L’un d’eux n’est autre que le réalisateur Jean Rollin, qui joue la victime avec la crédibilité que profilent ses grimaces impayables. Lorsqu’enfin les habitants décident d’agir, armés de leurs fusils, au cri d’un des leurs ("Promizoulins !"), on se dit que le combat risque d’être plutôt équitable, étant donné la vélocité des uns et des autres. Mais c’est finalement la petite fille qui débarrassera la commune de son passé allégorique, en tendant un piège aux soldats zombies.
Truffé de faux raccords, lesté d’effets spéciaux inoubliables, raté jusqu’à ses stocks-shots, Le Lac des morts-vivants est au-delà des adjectifs, ou alors il faudrait tous les compiler dans un agencement inédit, pour décrire la saveur unique de ce nanar sidéral.
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