Le 13 mai 2016
Cette production post-apocalyptique russe des années 80 marquée par un réalisme saisissant est à éviter pour les âmes sensibles. Les autres, foncez !
- Réalisateur : Konstantin Lopouchanski
- Acteurs : Rolan Bykov, Iossif Rykline, Nora Griakalova
- Genre : Drame, Science-fiction
- Nationalité : Russe
- Durée : 1h28
- Date de sortie : 3 juin 1986
- Festival : Festival de Cannes 1987
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Cette production post-apocalyptique russe des années 80 marquée par un réalisme saisissant est à éviter pour les âmes sensibles. Les autres, foncez !
L’argument : Après l’apocalypse atomique, les survivants sont condamnés à vivre sous terre, dans les ténèbres. Parmi eux, un ex-nobélisé adresse par la pensée des lettres à son fils qu’il espère encore vivant.
Notre avis : Projeté aux Hallucinations collectives dans le cadre de la carte blanche laissée à Lucile Hadzihalilovic, Lettres d’un homme mort est un film russe post-apocalyptique des années 80. Et pourtant, quand on le voit, ce long métrage paraît intemporel, renforcé par son aspect sépia.
Il évoque tout aussi bien les chefs d’oeuvre d’après-guerre Rome ville ouverte ou Allemagne année zéro de Rossellini que le traumatisant Threads de Mick Jackson et La bombe de Peter Watkins. En ce sens, cette réalisation du Russe Konstantin Lopouchanski est même carrément visionnaire puisque la catastrophe de Tchernobyl n’avait pas encore eu lieu, lorsque le tournage s’est achevé.
Lettres d’un homme mort est le journal intime d’un ex prix Nobel adressant des lettres à un fils disparu qu’il croit encore vivant. Cette oeuvre donne une vision déprimante du monde avec une humanité en voie de disparition. Il n’y a qu’à voir la scène d’introduction avec ce plan séquence débutant sur une ampoule qui est alimentée par un système rudimentaire, et une description de ce monde souterrain mettant en avant la saleté des lieux. La bombe a anéanti notre monde, et les rescapés vivent terrés comme des bêtes, dans des bunkers crasseux.
Avec peu de moyens, le réalisateur Konstantin Lopouchanski frappe le spectateur par des images très fortes : les rues jonchées de cadavres laissés à l’abandon sous la pluie battante ; des lieux annihilés ; des explosions incessantes. La deliquescence même faite image.
Lettres d’un homme mort n’y va pas par quatre chemins dans son ambiance mortifère. Il présente une poignée de gens tentant de survivre mais qui n’ont plus le goût de vivre dans ce monde dévasté et voué à sa perte. Comme l’indique l’un des personnages du film, « j’ai aimé l’humanité. Et je l’aime encore alors qu’elle n’est déjà plus. »
Le pessimisme ambiant est tel que le personnage principal n’évoque plus les jours dans leur durée mais un crépuscule permanent. La musique de Gabriel Fauré rend Lettres d’un homme mort encore plus mélancolique, évoquant un passé révolu qui ne sera plus. Malgré tout, une lueur d’espoir subsiste avec les enfants qui continuent d’aller de l’avant.
A noter que le scénario a été écrit par l’auteur de Stalker et de Il est difficile d’être un dieu, adapté récemment en film par Alexeï Guerman qui entretient des liens évidents avec Lettres d’un homme mort.
Voilà sans conteste une œuvre lancinante mais très riche, à découvrir sans plus tarder. Une sortie en DVD ou en blu ray serait amplement méritée.
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