Le 27 décembre 2020
Les Villes Invisibles est un improbable recueil de nouvelles de Italo Calvino, car à travers ce livre, c’est toute une panoplie de cités fictives que l’auteur nous fait visiter. Avec ces textes courts au style poétique, nous voyageons dans des contrées lointaines ou proches, dans des rues aux noms de femmes.


- Auteur : Italo Calvino
- Collection : Folio
- Editeur : Gallimard
- Genre : Nouvelles
- Nationalité : Française
- Traducteur : Martin Rueff
- Date de sortie : 3 décembre 2020

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Résumé : Kublai Khan discute avec Marco Polo dans son grand palais aux fontaines de porphyre. Le voyageur intrépide et l’empereur guerrier se parlent. Kublai Khan compte sur Marco pour lui raconter les villes lointaines de son empire, les comptes de ces dernières, ces mésaventures. Et le vénitien lui narre ce qu’il a vu, entendu, senti, dans ces cités étranges aux noms uniques. Kublai se demande si Polo lui dit la vérité. Mais où se situe la vérité des villes dans un empire frôlant les confins du monde ?
Critique : On se plaît très vite à lire les contes de Marco Polo, à mettre un pied imaginaire dans ces endroits plus ou moins fictifs. Alors que toutes ces descriptions semblent sans queue ni tête, Italo Calvino prend un malin plaisir, bien au contraire, à structurer son récit de manière très réfléchie. Chaque cité rentre dans une catégorie définie par l’auteur, et il y en a plusieurs : les villes élancées, les villes cachées, les villes et les morts, les villes et les yeux, les villes et la mémoire et bien d’autres encore. Ce classement se répartit selon un ordre presque mathématique, que l’on ne perçoit nullement à la lecture. Car les villes élancées, par exemple, ne sont pas regroupées ensemble dans une section. En effet, le livre comporte neuf chapitres, qui commencent et finissent par un échange entre Kublai et Polo. Dans ces chapitres, vous trouverez, par exemple, cinq à six descriptions de communes, chacune pouvant appartenir à une catégorie différente, ou pas...
Et ces listes sont autant d’indices sur la ville que vous allez parcourir, par la voix de Polo et les mots de Calvino. Mais oublions ce classement, cette taxonomie urbaine, pour aller visiter les lieux en soi.
Là, entre deux discussions de l’empereur avec son ambassadeur, c’est un monde qui s’ouvre à chaque cité. Nous pourrions évoquer les plus marquantes, mais ce serait au détriment d’autres, peut-être aux images moins fortes, mais tout aussi fascinantes.
Chaque lieu est unique, par son contenu, mais aussi par son approche, par le regard de Polo.
Les mots s’enchaînent et créent des rues, des murs, des palais, des bordels, qui pourraient être partout les mêmes, mais ne le sont pas. Même cette ville particulière que vous retrouvez dans toutes les autres villes, sans jamais la trouver, vous laissera un curieux souvenir.
Faisant suite à l’œuvre, un entretien avec Italo Calvino est ajouté en conclusion. Au-delà de la poésie magique, ce sont aussi nos environnements urbains que Calvino évoque avec talent. Vous retrouverez peut-être Rome, Paris, Londres ou New-York, Calcutta ou Vancouver, Glasgow ou Carbin. A moins que, peut-être, au travers de Melania, Ersibia, Ipazia, Cloe, Fillide, vous marchiez simplement ailleurs...
Les Villes Invisibles est un récit poétique, quelques propos tenus entre un voyageur et un empereur, un hommage aux villes du monde – mais de quel monde -, un recueil de nouvelles savamment agencées qui nous font voyager loin, bien loin d’ici.
224 pages – 7,50€