Les Petites mains - la critique du court métrage primé aux César 2019

Notre avis : Le court métrage démarre sur des chapeaux de roue, à travers une scène de conflit virulent dans une usine, la caméra adoptant le point de vue d’un très jeune enfant placé dans un bureau. Le récit, coécrit avec Julien Guetta et Gilles Monnat, se situe d’emblée sur le créneau du film social engagé mettant en exergue les oppositions patronat-salariat, démarche qui était aussi celle de Ressources humaines de Laurent Cantet ou du récent En guerre de Stéphane Brizé. Rémi Allier greffe à ce matériau une trame criminelle avec le kidnapping soudain du bambin, créant un suspense policier intense tout autant qu’une ébauche subtile de mélodrame. Si dans Coup pour coup de Marin Karmitz des ouvrières humiliées séquestraient leur patron et si les ouvriers licenciés de En guerre commettaient une agression physique à l’encontre de représentants de la maison-mère, le comportement de Bruno révèle un autre geste désespéré face aux injustices sociales, mais le malaise du spectateur n’en est que plus grand, la victime collatérale étant un bébé…

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Évitant le manichéisme tout autant que la mièvrerie, le film de Rémi Allier délivre un message d’espoir tout en témoignant d’un sens aigu de la mise en scène. Après ses études de montage à Paris, le cinéaste était entré à l’IAD –Institut des Arts de Diffusion, à Louvain-la-Neuve en Belgique, en section réalisation. Il avait toujours souhaité diriger un petit enfant dans une fiction. Le projet n’était pas évident, et depuis Ponette de Jacques Doillon, peu de réalisateurs s’y étaient risqués. « L’enfant est forcément l’élément central, c’est lui qui porte l’histoire, et c’est donc le tout jeune acteur qui devait concentrer toute l’attention. Emile, l’enfant du film, est un enfant qui m’est très proche, mon frère en est le parrain, ses parents sont des amis », a déclaré le cinéaste dans un entretien avec 6cinéma. L’objectif est atteint, ces quinze minutes de tension et d’émotion révélant un vrai sens du rythme et du montage. Et si la direction du jeune enfant est surprenante, il faut aussi citer la qualité du jeu de Jan Hammenecker, grand nom de la scène franco-belge, et que l’on avait croisé à l’écran dans des films de Besson ou Van Dormael.

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