Les Pestiférés – La chronique BD

Cette nouvelle est en effet un récit inachevé qui s’implante dans les souvenirs de jeunesse de Marcel Pagnol. Les auteurs ont pu apprendre la fin de l’histoire auprès des descendants de Marcel.
Et c’est donc une première, la version complète de ce récit, que vous pourrez tenir entre vos mains. Nous suivons un village dans la ville, ou plutôt à l’écart de la ville portuaire de Marseille, sur les hauteurs, détail qui va avoir son importance. Quelques personnages, dont maître Pancrace, médecin de son état, sont les dirigeants de cette bourgade.

Tout irait pour le mieux dans ce petit havre hospitalier si la peste n’avait pas frappé la ville cette année de 1720. Nous allons alors découvrir comment ces gens, au départ paniqués, vont s’organiser et se protéger pour tenter de survivre à cette épidémie. Car le situation en hauteur de leur maisons va permettre de se protéger du souffle de vent, porteur de contamination. Ils ont donc une chance d’en réchapper.
La fin du récit, la partie totalement nouvelle donc, est assez surprenante. D’abord par sa tonalité, qui tranche avec le reste de l’histoire.
Ensuite, par sa rapidité. En effet, il n’y a pas de texte écrit pour la relater donc, ce sont des souvenirs oraux et on le sent. Tout va vite, très vite. Et du coup, on perd les personnages dans cette dernière ligne droite. Personnages auxquels on s’était vraiment attaché tout au long de cette mésaventure. Et cette fin surprenante donne un nouveau regard aux lecteurs sur les idées que Pagnol voulait faire passer avec cette histoire.
Cette nouvelle méritait bien un tome complet pour elle toute seule. Et le récit peut ainsi se développer pour notre plus grand plaisir. Ayant lu le livre, c’est un bonheur de retrouver Pancrace et ses amis pour découvrir avec stupeur la fin de leur aventure.

Le traitement graphique est surprenant. Samuel Wambre donne une patte particulière à cette BD. En effet, jouant sur des décors estompés, tracés au traits, il leur glisse une impression d’inachevé. De même parfois pour les silhouettes des personnages. La surprise arrive dans les premières pages et on s’habitue très vite à ce choix drastique, mais qui, pourtant, nous colle à l’histoire.
Les couleurs magnifiques nous rappellent ce sud ensoleillé et le crépuscule final, tranché aussi, frappent d’autant plus par les esthétiques choisis du noir et blanc orné de rouge.

Les Pestiférés fait vraiment honneur à cette collection Marcel Pagnol entamée par Grand Angle sur l’initiative d’Eric Stoffel. Cet opus nous prouve encore une fois que Marcel Pagnol savait vraiment jongler entre drame et humour.