Promenons-nous dans les bois
Le 15 septembre 2021
La solitude peut être un refuge mais aussi un mur qui se dresse, parfois jusqu’à l’infranchissable. Dans ce roman aux touches survivalistes, le confort matériel se remplace par celui de l’attachement, de l’espoir et de l’amour. Une histoire sensible sur nos choix de civilisation.
- Auteur : Christian Guay-Poliquin
- Editeur : La Peuplade
- Genre : Roman
- Nationalité : Québécoise
- Date de sortie : 2 septembre 2021
- Plus d'informations : Site de l’éditeur
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Résumé : Après la grande panne électrique, un homme a fui la ville et tente de rejoindre un camp de chasse où se trouve sa famille. Dans cet environnement post-apocalyptique, il disparaît peu à peu dans les bois, tentant d’avancer en évitant les dangers des animaux sauvages, se rationnant et en restant loin des autres hommes. Un jour, un jeune garçon seul croise sa route. Ils décident alors de continuer leur chemin ensemble, jusqu’au camp où la vie s’est réorganisée.
Critique : Les vertus de la marche en forêt ne cessent d’être répétées dans nos sociétés modernes, mais celle qui est au cœur de ce roman n’a rien d’une promenade de santé. Depuis la « grande panne électrique », les gens fuient les villes pour rejoindre les lieux où l’énergie se trouve encore. Un homme fait le choix de quitter les grandes routes, peu sûres pour sa sécurité, en traversant la forêt afin de rejoindre un camp de chasse familial, où une partie de sa famille s’est réfugiée.
Parce qu’il est blessé au genou, sa progression n’est pas facile : il souffre parfois de la soif, de la faim et doit quotidiennement trouver un abri pour la nuit. Christian Guay-Poliquin nous plonge non seulement dans cette aventure, mais aussi dans les pensées de celui qui la vit : le lecteur appréhende ainsi l’équivalent d’un journal de bord. L’écriture est sèche et concise, les dialogues directement intégrés au texte, car le chemin narratif suit le chemin du voyage : les pauses sont rares, le temps s’écoule lentement et la vigilance reste de tous les instants.
Le livre va au-delà du chemin initiatique en proposant une structure en trois parties : la forêt, la famille et le ciel. Chacune est caractérisée par une courte description poétique et personnifiée qui donne le ton au roman : cette histoire est une fable, qui nous parle de civilisation et d’avenir. Loin de simples thèmes survivalistes, le sujet n’est pas moins l’organisation après un effondrement quelconque que les valeurs qui restent et celles qui s’apprennent. Elles s’incarnent à travers le personnage d’Olio, jeune adolescent livré à lui-même suite à la mort des siens. Sa témérité et son courage peuvent le mettre en danger. Fortement marqué par ses traumatismes, il est malin, vigoureux, mais ne veut plus être livré à lui-même. Lorsque cet homme, qui ne voit les autres que comme un danger potentiel, décide de continuer son chemin avec ce petit bonhomme, c’est alors deux visions du monde qui vont apprendre à cohabiter, pour au final se compléter.
Le thème n’est pas nouveau, ce qui occasionne quelques faiblesses de rythme, avec parfois une impression stagnante d’absence de développement. Les âmes des personnages sont asséchées par la nécessité de la survie, éloignant la poésie des instants partagés ou l’émerveillement devant la nature. Pourtant, la lecture n’est jamais ennuyeuse grâce à la force de la langue et l’attention portée aux descriptions : précises et justes. Les lieux ne sont jamais nommés en dehors des destinations possibles : la station, la côte, la ville, la forêt. Le rapport au temps est essentiel : dans le récit de l’homme, seul le quotidien est important, alors que l’enfant dont il s’occupe désormais doit pouvoir avoir un avenir. Quel exemple doit-il avoir, quelles faiblesses doit-il réussir à combler ? Le livre n’apporte pas de réponses, il incite subtilement à s’interroger sur l’évolution que peut suivre l’Humanité, et n’a d’autre prétention que de susciter notre réflexion.
Les ombres filantes est un roman simple, qui reprend les obsessions de notre époque, sans pour autant verser dans le grandiloquent. Cette lecture confortable, agréable, s’avère sans grande surprise, mais le texte bénéficie d’un style éclatant.
344 pages - 20 €
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