Baroque slovaque tardif
Le 9 octobre 2010
Etourdissante et poignante sarabande carnavalesque, le troisième long-métrage de Jakubisko, censuré pendant vingt ans, est un authentique chef d’oeuvre baroque.
- Réalisateur : Juraj Jakubisko
- Acteurs : Philippe Avron, Jirí Sykora, Magda Vášáryová , Míla Beran
- Genre : Drame
- Nationalité : Slovaque
- Editeur vidéo : Malavida
- Plus d'informations : http://www.malavidafilms.com/malavi...
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– Titre original :Vtáčkovia, siroty a blázni
– Durée : 1h18mn
Etourdissante et poignante sarabande carnavalesque, le troisième long-métrage de Jakubisko, censuré pendant vingt ans, est un authentique chef d’oeuvre baroque.
L’argument : Quelque part en Slovaquie, après la guerre, Yorick, Andrej et Marta, trois orphelins, trois fous abandonnés, ne survivent que grâce à leur folie dans un monde insensé et laid. Ils vivent, jouent, aiment et haïssent ensemble. Mais leurs chemins vont finir par se séparer...
Notre avis : Réalisé après l’occupation soviétique de 1968 en co-production franco-slovaque, Les oiseaux, les orphelins et les fous - Vtáčkovia, siroty a blázni , troisième long-métrage de Juraj Jakubisko, sera censuré pour n’être redécouvert qu’en 1991.
Le film commence par une folle cavalcade d’enfants et de fous, déguisés comme pour carnaval, dans une cour d’orphelinat ou d’asile, pendant que des voix (d’enfants et d’adultes) nous transmettent la déclaration d’intention de l’auteur : Moi, Juraj Jakubisko, réalisateur slovaque, vais vous raconter une histoire pour dire combien il est nécessaire et inutile à la fois de chercher un remède à une vie où il n’y a pas de bonheur sans tristesse, de joie sans folie.
Evoquant indiscutablement Fellini, mais aussi le Pasolini de Oiseaux petits et gros, et pas très éloigné, par son sens de la provocation poétique, des petites marguerites de Vera Chitylovà, ce film sidérant est un kaléidoscope d’images et de sons mêlant, avec une inventivité de tous les instants et un bonheur expressif total, le burlesque au tragique, la cruauté à la tendresse, la fantaisie débridée au naturalisme le plus cru, la légèreté virevoltante à la gravité élégiaque, le constat politique désabusé au sentiment du dérisoire et de l’absurde, la vitalité irrépressible au désespoir sans fond.
Bref, c’est du plus pur baroque, c’est à dire du réalisme visionnaire et sans concessions, ennemi de tout idéalisme et attaché à décrire dans sa beauté et sa laideur concrètes (physiques), une existence constamment menacée par la douleur et la mort.
Aussi beau et encore plus fou que Les années du Christ, ce film totalement libre confirme que le génial slovaque était, à la fin des années 60, un des créateurs les plus inspirés du cinéma mondial. La normalisation politique en Tchécoslovaquie le musèlera pendant vingt ans.
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Le DVD
Il faut saluer l’heureuse initiative prise par Malavida d’éditer en DVD Les oiseaux, les orphelins et les fous dans le cadre de sa nouvelle collection consacrée au cinéma slovaque où figure aussi Les années du Christ.
Les suppléments
Comme pour les autres DVD de la collection il faudra se contenter d’un livret et de quelques informations sur la partie ROM du DVD.
Image
Les couleurs sont resplendissantes, la copie utilisée est fort belle mais il faut quand même signaler une qualité de compression assez moyenne qui n’empêchera pas d’être ébloui par la stupéfiante beauté visuelle du film.
Son
Un son mono qu’on pourra trouver un peu frustrant étant donné le formidable travail de polyphonie sonore qui accompagne celui de l’image mais qui garantit un parfait confort d’écoute, aucun souffle notable ne gênant l’oreille et lui permettant de distinguer sans peine des divers éléments de la bande (voix, bruits, musiques).
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