Les nouveaux souffles - la critique du film

Notre avis : C’est une période d’effervescence que capte ce documentaire brut : durant quelques mois, entre la contestation puis le départ du Shah d’Iran et l’arrivée de Khomeiny au pouvoir, le peuple de ce pays a vraiment pu rêver de liberté. L’œuvre de Kianoush Ayari parvient à saisir ce moment-là, filmé à ras du trottoir, dans les quartiers populaires de Téhéran. Des vendeurs à la criée proposent les œuvres du philosophe et théologien Morteza Motahhari ou de Mehdi Bazargan, le bref Premier ministre de l’ayatollah Khomeiny, au début de la République Islamique. Des thuriféraires d’Arafat se prennent en photo, à proximité de son portrait, disent aussi leur hostilité à Israël. Dans des squares, les enfants s’amusent, accompagnés par leurs parents. Une longue séquence nous montre un imitateur qui singe quelques représentants élus, sous le regard attentif d’une foule nombreuse. Il est encore possible qu’un humour satirique s’exprime. Ce ne sera bientôt plus le cas.
Un autre passage s’attarde sur une pièce de théâtre qui évoque la révolte populaire. Le spectacle vaut surtout pour sa dimension cathartique. Bref, c’est toute une liberté, longtemps étouffée par la dictature de la dynastie Pahlavi, qui semble ruisseler et rassemble les habitants autour de discussions enflammées, où il est encore question de pauvreté, puisque tout reste à faire. Si la destitution du Shah suscite une grande unanimité, on voit que des désaccords fracturent le peuple. A la fin, la caméra glisse sur une photographie de Khomeiny. Bientôt, sa tyrannie moyenâgeuse, défendue par les Gardiens de la Révolution, imposera une féroce chape de plomb.