Les Miens - Roschdy Zem - critique

Critique : Le traumatisme crânien est un handicap peu connu dans ses manifestations parfois dramatiques pour les patients ou les familles. Pourtant, le handicap acquis est la première cause dans le monde de handicap, provoquant des situations sociales souvent tragiques. C’est toute l’ambition de Roschdy Zem qui nous livre, sans filtre, le témoignage d’une famille qui est la sienne, mais pourrait être la nôtre, traversée par le drame d’un accident ayant conduit à des lésions cérébrales frontales. On reconnaît dans les dialogues la plume sensible de la comédienne et réalisatrice Maïwenn ainsi que celle d’un certain Maurice Pialat qui se plaisait à faire parler ses comédiens, comme s’il s’agissait de la vie réelle. Les Miens est un film inspiré et inspirant. Il sert de support à nombre de familles dépassées par le cauchemar de l’accident cérébral, ne reconnaissant soudain plus le fils ou le mari qu’ils ont fréquentés.

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La mise en scène, a priori dépouillée, aide le spectateur à s’inviter dans cette famille, comme s’il en était l’hôte. On perçoit, au-delà de l’accident, les conflits sous-jacents et les non-dits qui hantent le récit familial. Les plus jeunes tentent de s’extraire du déterminisme familial, en se rêvant ici ou ailleurs. Ils sont rattrapés par la réalité sociale des réseaux sociaux ou du complotisme, et composent avec l’univers hirsute de leurs aînés. Les conjoints se mêlent aussi à ce récit parfois grave, parfois joyeux, et le personnage interprété par Maïwenn en est l’illustration. Elle incarne une femme qui parvient à se sauver d’une famille qu’elle aurait aimé qu’elle soit la sienne, tout en tentant d’ouvrir les yeux à l’homme qu’elle aime.

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La réussite du film de Roschdy Zem est liée notamment au choix formidable de ses comédiens. On ressent beaucoup d’affection ou de complicité entre les acteurs. Le personnage principal, incarné par Sami Bouajila, est absolument incroyable de vérité. On reconnaît dans ses passages à l’acte, son apathie, son incapacité relationnelle et affective, tous les traits terribles du cérébrolésé assailli par ce qu’on appelle le syndrome frontal. En même temps, il y a dans son jeu beaucoup de dignité. On peut rire parfois de ce handicap, tout en se prenant d’empathie vis-à-vis de cette famille courageuse.

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Les Miens est un film fort, qui rend hommage à toutes ces personnes se retrouvant désœuvrées et sans solution quand un de leur proche est victime d’un traumatisme crânien. Roschdy Zem offre ainsi un long-métrage attachant, profond et lumineux, qui tente d’apporter un peu de tolérance et d’humanité pour tous ces êtres qui subissent le handicap invisible.