Le 16 août 2020
Ce long-métrage méconnu de René Clément évoque les reniements et les trahisons de quelques personnages enfermés dans un sous-marin nazi en fuite, à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Si la mise en scène est un peu figée, le propos en dit long sur les stratégies déployées par ces zélateurs du Troisième Reich, prêts à tout pour sauver leur peau.
- Réalisateur : René Clément
- Acteurs : Marcel Dalio, Henri Vidal, Michel Auclair, Paul Bernard, Florence Marly
- Genre : Drame, Noir et blanc
- Nationalité : Français
- Distributeur : Ciné Sélection
- Durée : 1h45min
- Date télé : 17 août 2020 13:35
- Chaîne : Arte
- Date de sortie : 19 septembre 1947
- Festival : Festival de Cannes 1947
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Résumé : En 1945, alors que le IIIe Reich est à l’agonie, le docteur Guibert est emmené de force, pour y soigner un blessé, dans un sous-marin à bord duquel des nazis et des sympathisants veulent tenter de se rendre en Amérique du Sud. Parmi eux, un général allemand, un chef de la Gestapo et son adjoint, un industriel italien et sa femme, un journaliste "collabo", un savant compromis.
Critique : Après La Bataille du rail, son premier grand succès, et Le Père tranquille, sorti en 1946, René Clément continue d’évoquer la tragédie que fut la Seconde Guerre mondiale. Mais il ne l’aborde pas ici selon le point de vue des résistants. Cette fois, il s’intéresse à quelques nazis et collaborateurs, qui regagnent secrètement un sous-marin, à Oslo. Leur but : s’enfuir en Amérique du Sud, où, comme on le sait, s’établirent nombre d’anciens hauts dignitaires du Troisième Reich et de thuriféraires notoires d’Adolf Hitler. Ici, l’objectif est d’établir des réseaux d’influence et des centres d’accueil, aux fins de reconstituer un régime qui vit ses derniers jours sur le sol européen. "La victoire, on ne la perpétue qu’avec une action opiniâtre dans la paix", martèle le général nazi présent à bord. Dès lors, savants, industriels et militaires nationaux-socialistes vont cohabiter au cours de cette traversée erratique, toujours à la merci d’attaques inopinées. L’apparente connivence idéologique se lézarde à mesure que les péripéties s’enchaînent. Des alliances se nouent entre des personnages opportunistes : ainsi, le Gestapiste Forster complote-t-il avec le général de la Wechmacht, pour se débarrasser de Hilde Garrosi, épouse d’un riche industriel, blessée au cours d’un bombardement.
L’univers confiné permet d’organiser un huis clos aux intentions didactiques (montrer l’immoralité globale des protagonistes impliqués, prêts à tout pour sauver leur peau, prompts à trahir l’ignoble système politique qu’ils défendaient hier). La proximité de la fiction avec les événements réels donne à l’ensemble sa dimension vraisemblable, qui chemine vers une tragédie attendue. La voix off du médecin enlevé, que joue Henri Vidal, s’apparente à un réalisme psychologique pourfendu par François Truffaut, dans son célèbre article des Cahiers du Cinéma, en janvier 1954.
En dépit du jeu mécanique de certains comédiens, ce film méconnu de René Clément demeure une métaphore très intéressante de la défaite guerrière et de ses conséquences sur les actes et les pensées de chacun(e). Le thème de la claustration, cher au réalisateur, agit comme une sorte de catalyseur. Il préfigure la très grande réussite que sera Plein soleil.
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