Quai des âmes
Le 12 novembre 2003
Trop glauque, trop trivial, trop sinistre : Claire Devers passe un peu à côté de son adaptation du roman de Jean-Claude Izzo.


- Réalisateur : Claire Devers
- Acteurs : Audrey Tautou, Bernard Giraudeau, Marie Trintignant, Darry Cowl, Miki Manojlović, Bernard Verley, Sergio Peris-Mencheta, Bakary Sangaré, Nozha Khouadra
- Genre : Drame, Aventures
- Nationalité : Français
- Distributeur : ID Distribution
- Durée : 1h47mn
- Date de sortie : 12 novembre 2003
- Festival : Festival de Locarno 2003

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Résumé : Depuis plusieurs mois, l’Aldébaran, un vieux cargo, est relégué au fond du port de Marseille. En attendant de toucher leur pécule, les marins croupissent à bord, dans le dénuement. Une fois les quelques sous partagés, seuls restent sur le bateau, Abdul Aziz, le capitaine libanais et son second, Diamantis, le Grec. Forcés par les circonstances, les deux hommes s’observent, sondent leur âme respective... Jusqu’au retour impromptu de Nedim, le jeune Turc de l’équipage, insolent de jeunesse et de joie de vivre.
Cririque : Adapter un des romans les plus noirs de Jean-Claude Izzo s’avère un pari difficile. Dans ce huis clos fascinant et glauque, les marins sont tiraillés entre deux univers : la ville et la mer, la femme et les hommes, la fuite et la quête... Le cargo est le lieu qui cristallise toutes les interrogations et les angoisses : à la fois foyer et lieu de vie, mais aussi labyrinthe décrépit et sombre.
Ce récit aurait pu se révéler passionnant et puissant, tant le face-à-face entre les deux protagonistes est redoutable. Empêtrés dans leurs contradictions, ces marins essayent de retrouver le chemin de vie ; la femme est celle qui possède la clé de cette réconciliation. Ce sont d’ailleurs les escapades sur la terre ferme qui dévoilent les deux figures féminines du film, incarnées par Marie Trintignant et Audrey Tautou.
Dommage que le procédé sente parfois l’artifice. À trop vouloir restituer une atmosphère gluante, Claire Devers fige ses personnages au bord de la caricature. Les cadrages exigus associés à une mise en scène du quotidien triviale et sinistre, annihilent l’intensité dramatique, alors que ces destins devraient nous prendre aux tripes, tant ils sont universels... Car Les marins perdus ne parle pas simplement de mort et de peine, mais du bonheur de vivre passionnément sa vie.