Les grands espaces - La chronique BD

Les écrits de Pierre Loti, Maupassant, Zola et quelques philosophes forment la base de leur nouvelle éducation et les fillettes fondent alors leur musée à base d’objets qu’elles découvrent sur le terrain de leurs parents et de sécrétions naturelles, telles des bouses d’animaux.
En cet endroit retiré du monde - entouré de champs rasés par la main de l’homme de toutes formes aux attributs chlorophyllisés - trône une vieille bâtisse que les parents s’évertueront à faire renaître, avec succès, au fil des ans.

Catherine rêve son jardin pareil à celui de Versailles, mais après une virée de la famille à la capitale et au musée du Louvre, la dessinatrice découvrira les grands peintres qui feront son style… et celui de son jardin qui s’anglicisera… un peu plus de bordel pour une vision nouvelle.
A travers les yeux de l’enfant que fut l’illustratrice on redécouvre la nature à sa juste valeur, les enjeux de notre terre et du superbe héritage que nous avons gâché par une culture agricole intensive et ravageuse.

Mais la jeune femme apprend aussi qu’il y a une forme de résistance face à ce déséquilibre en sortant du terrain en pleine reconstruction, en se confrontant au monde du village… Peut-être est-ce pour cela qu’elle fut conduite tout droit à illustrer pour Charlie Hebdo.

Le coup de crayon de Catherine Meurisse reste celui que l’on adore, avec de jolis paysages plus vrais que nature, réalistes ou nous rappelant les tableaux interprétés par les grands maîtres qui en leur temps ont su saisir le milieu sauvage sur le vif alors que la photo n’existait pas encore, rehaussé par les belles couleurs pastel d’Isabelle Merlet.

Plus qu’une bande dessinée Les grands espaces est une étude sociologique du monde paysan des années 80 liée à la politique de subvention de l’Union Européenne. Une ode à celle qui nous fit naître, nous fait vivre et nous absorbera une fois le cœur éteint.
Et il est bien loin de l’être, grâce à l’ouvrage optimiste et délicieux de Catherine Meurisse, il nous rend l’espoir d’une prise de conscience qui se fait trop sourde face aux gros monstres tel celui de Monsanto.