Le 8 septembre 2017
Olmi signe une œuvre exigeante mais particulièrement sensible, modèle de rigueur et de délicatesse.
- Réalisateur : Ermanno Olmi
- Acteurs : Anna Canzi, Carlo Cabrini
- Genre : Drame, Noir et blanc
- Nationalité : Italien
- Distributeur : Tamasa Distribution
- Durée : 1h13mn
- Reprise: 27 septembre 2017
- Titre original : I fidanzati
- Date de sortie : 15 avril 1964
- Festival : Festival de Cannes 1963
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– Année de production : 1962
– Reprise en version restaurée : le 27 septembre 2017
Résumé : Ouvrier dans une usine de Milan, Giovanni accepte d’aller travailler en Sicile et ainsi obtenir une meilleure qualification. Il laisse derrière lui sa fiancée, Liliana. De l’ennui commun de leurs dimanches, il ne garde pas de regrets. Mais arrivé en Sicile, la nostalgie de l’aimée l’étreint, et il renoue avec elle d’abord par téléphone, puis par lettres de plus en plus enflammées. Ainsi, l’éloignement contribue à la restauration du sentiment amoureux entre les deux fiancés...
Notre avis : Troisième long-métrage d’Olmi, Les fiancés est représentatif d’un art du dépouillement, fondé sur un scénario minimaliste : un homme, Giovanni, part travailler au loin et laisse Liliana avec une relative indifférence. La première séquence, celle du bal qui reviendra en leitmotiv, pose le ton et l’esthétique du retranchement (pas ou peu de musique extra-diégétique, dialogues parcimonieux, jeu retenu de comédiens non professionnels). Mais déjà cette séquence est découpée par des flash-back qui viendront rompre la narration ponctuellement, à la manière de la mémoire involontaire et le film oscillera entre présent et souvenirs, jusqu’à ce que les deux se rejoignent dans les magnifiques scènes finales de lecture des lettres envoyées : là Olmi parvient à une alchimie miraculeuse qui transforme ce film assez froid en une romance presque flamboyante, avec baiser et musique triomphale.
- Copyright Tamasa Distribution
Mais pour l’essentiel, Les fiancés suit le parcours de Giovanni, exilé apathique et mutique ; dépourvue d’événements, cette première partie se centre sur des détails minimes, anodins, qui composent un paysage mental d’ennui ; la chaleur écrasante (voir ces plans de village désert, ou le broc d’eau froide versé par la voisine) s’accorde à une sensation d’écrasement, que l’usine rend physique par un entrelacs de lignes verticales et horizontales. Symboliquement, le changement de temps va de pair avec l’expression des sentiments enfin libérée.
- Copyright Tamasa Distribution
Pour le reste, on admirera le sens du détail : un enfant pressé de rentrer chez lui, un homme endormi dans la salle de télé, des tas de sel, des colocataires farceurs, mais aussi le vent sur l’eau… Le film ne cesse d’enregistrer la vie dans ce qu’elle a de quotidien. C’est alors qu’un chien dans une église devient événement notable, ou que les confidences d’un serveur prennent une nuance grave qui ne verra pas d’aboutissement. Car pour Olmi, il ne s’agit pas de raconter une histoire avec début et fin, mais de prélever des moments, de donner à voir le monde. Ce n’est pas la péripétie qui fait le film, mais le regard sur ces petits riens ; si le cinéaste n’est certes pas un formaliste, il sait susciter par le cadre une émotion esthétique : que ce soit le découpage qui sépare les fiancés au bal, ou la vision d’un immeuble en construction arrosé d’étincelles, l’attention portée à l’image fait de cette œuvre probe une belle réussite qui pousse son spectateur à une observation scrupuleuse ; au prix d’une ouverture d’esprit, celui-ci connaîtra une expérience stimulante, récompensée par un débordement d’émotion à la fin.
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